Monsieur Morel-À-L'Huissier, j'ai présenté, le 13 octobre dernier, un plan d'accès territorial aux soins. La question de l'installation des médecins n'est désormais que l'une des composantes d'un plan qui vise à projeter le temps médical dans les territoires sous-dotés, et à développer l'interdisciplinarité – la pluriprofessionalité doit permettre à différents professionnels de se coordonner pour assurer un meilleur accès aux soins.
Le zonage, qui sert à définir le ciblage de l'État pour l'installation des médecins, devient un élément moins essentiel du plan que ce qu'il pouvait être lorsque la seule façon de remédier aux déserts médicaux consistait à s'imaginer que l'on réussirait à installer un médecin dans chaque territoire sous-doté.
Parce qu'il est clair que nous aurions un mal fou à simplement compenser par des installations les évolutions de la démographie médicale actuelle et la perte d'attractivité de certains territoires, j'ai décidé de changer de paradigme et de faire en sorte que les médecins hospitaliers ou libéraux donnent du temps médical dans des territoires sous-dotés. C'est tout l'esprit du plan.
Le zonage persiste parce que, si des médecins souhaitent s'installer dans les zones sous-dotées, il faut bien entendu que nous puissions les aider. Les critères retenus pour établir le nouveau zonage, qui sera publié prochainement par arrêté, ne prennent pas seulement en compte la densité médicale, ils intègrent l'accessibilité de la région. Ce nouveau zonage permet que 18 % du territoire bénéficie d'aides, au lieu de 7 % précédemment. Notre perception des zones sous-dotées a été élargie. Ce zonage n'est pas parfait, mais dès lors qu'il ne résume pas mon action en la matière, je n'en fais pas l'alpha et l'oméga de la politique de lutte contre les déserts médicaux.
Monsieur Mesnier, lorsque l'on veut faire de la prévention, on a tout intérêt à investir dans la jeunesse. Des études anglaises ont montré qu'un euro dépensé pour s'adresser aux enfants a le même effet que 50 euros visant les adultes. La stratégie nationale de santé comporte sept champs en matière de prévention parmi lesquels la santé sexuelle, la santé des jeunes, les addictions et la santé psychique. Nous rencontrons un énorme problème de dépistage précoce d'un certain nombre de troubles psychiques, en particulier les troubles « dys » de l'enfant.
Comme Mme Bareigts, vous m'avez interrogé sur la consommation excessive d'alcool qui constitue la deuxième cause de mortalité prématurée après le tabac. Si l'on additionne les décès causés par l'alcoolisme chronique et ceux dus à des accidents, sans même compter ceux consécutifs aux violences intrafamiliales ou aux violences faites aux femmes dont vous parliez, madame la députée, l'alcool est responsable d'environ 48 000 à 50 000 morts par an. Le coût de cette hécatombe est estimé à 7,5 milliards d'euros. Il est urgent d'agir.
Il est toutefois difficile de parler de l'alcool globalement. Il faut mener des politiques différentes, avec des outils différents, selon que l'on veut traiter le binge drinking qui concerne aujourd'hui les jeunes garçons comme les jeunes filles, l'alcoolisme chronique dans certains territoires, ou encore l'alcoolisme mondain. Cette politique complexe sera déclinée dans le programme national de santé publique qui sera rédigé en janvier. Il s'agit d'un axe de la stratégie nationale de santé.
J'ai évidemment l'intention de travailler à la réduction de l'alcoolisme des jeunes mais aussi de l'alcoolisme chronique qui est aujourd'hui la deuxième cause de cancer dans notre pays.
Madame Bareigts, vous avez évoqué La Réunion. Il est vrai qu'il existe des problèmes spécifiques à certains territoires. Les alcools consommés ne sont pas les mêmes partout – la question des taxes peut donc se poser différemment selon les lieux. De la même façon que nous faisons du marketing social en matière de prévention, je crois que notre approche doit être adaptée aux territoires et aux populations ciblées.