Je tiens d'abord à remercier notre rapporteure Barbara Bessot Ballot pour son combat constant, et indispensable, pour le bien manger en France.
Lors des états généraux de l'alimentation, en 2017, nombre d'entre nous avaient insisté sur le fait que la courbe de la pauvreté suivait celle de l'obésité. Si, autrefois, les pauvres mangeaient des légumes et les riches de la viande, aujourd'hui les riches mangent des légumes et les pauvres essayent d'acheter de la viande pas chère, avec du gras et du sucre, pour faire partie de la société.
Lors de l'examen de la loi EGALIM à l'Assemblée nationale, j'avais proposé de modifier le titre de cette loi, qui mentionnait une alimentation « saine, sûre et durable » pour y ajouter les mots « accessible à tous ». Nous étions nombreux, sur tous les bancs, à penser qu'il fallait changer de logique : plutôt que de passer de la fourche à la fourchette, il fallait aller de la fourchette à la fourche. Le consommateur, devenu consommacteur, doit être inséré dans le processus de prise de décision ; il doit être impliqué dans le choix d'une nouvelle politique alimentaire française, qui nous permettra de regarder au loin, de nous projeter dans vingt ans. C'est au citoyen de déterminer, en conscience, ce qu'il veut manger.
Ne nous y trompons pas : si nos concitoyens reçoivent une information vraie, alors ils accepteront de payer le juste prix. L'information doit être juste et sincère, et c'est le but de cette proposition de loi. Si la loi EGALIM est reconnue par beaucoup comme un pas en avant, elle n'a fait qu'ouvrir un chemin ; le but est encore loin.
Modestement, en 2001, je créai avec des camarades un petit label qui donnait des informations sur un produit à partir de son code-barres. Aujourd'hui, je ne pense plus que cela doit relever de l'initiative privée : c'est à la force publique, à l'État, à M. le ministre, que je sais sensible à ce sujet, d'informer le consommateur. 60 millions de consommateurs ! C'est un enjeu considérable, notamment pour les plus humbles.
Avec le confinement, les Français ont retrouvé le petit chemin de la cuisine et des fourneaux. Je m'en réjouis : on a refait des tartes et des quiches ; on a mangé moins de produits ultratransformés, on a davantage acheté des produits de proximité. Les Français ont démontré que bien manger était important pour eux. Le repas gastronomique inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO, ce n'est pas celui des grands chefs, mais le repas quotidien, plus que jamais au coeur de la société française. Ce bien manger ne pourra perdurer que si le consommateur a confiance dans l'information qui lui est délivrée. Le groupe MODEM votera cette proposition de loi, qui constitue un pas dans la bonne direction.
Nous devons être mieux informés sur le sel nitrité, qui, oui, tue des gens ! L'Organisation mondiale de la santé, l'OMS, le dit, et nous devons aller vers son interdiction.
Il sera très dur, je le sais, de faire naître cet outil public d'information des consommateurs. Je me rappelle, en 2001, avoir rencontré le professeur Serge Hercberg, qui jugeait déjà qu'il fallait imposer le Nutri-score. Cela a été très difficile !
Les lobbyistes de tout poil étaient venus jusqu'à Bruxelles pour faire échec au Nutri-score. À force d'acharnement et de volonté des députés, des ministres chargés de l'agriculture et du professeur Serge Hercberg, le Nutri-score est sur le point de devenir un dispositif non plus seulement français, mais européen.
Nous devons aller encore de l'avant et offrir aux consommateurs une information publique, garantie par l'État, ce que furent à une époque les appellations d'origine protégée. Ce texte est un premier pas dans cette direction ; nous serons nombreux à le faire progresser.