Je ne remets pas en cause la bonne foi de notre collègue Christophe Blanchet, ni sa volonté sincère de faire un geste. Mais, et cela a été beaucoup mieux dit que je ne vais l'exprimer, cette proposition est une mauvaise idée. Si je ne retenais pas mes mots, je la qualifierais même d'indécente.
Il faut voir ce que nous avons vu depuis plusieurs semaines ! Nous avons vu les primes, très inégalitaires – nos informations glanées dans les EHPAD, auprès des infirmières, démontrent que l'inégalité est la règle. Nous avons vu les bons d'essence Total ; au CHU de Clermont-Ferrand, on en a reçu 450, et ceux qui n'en ont pas eu se demandent pourquoi. Nous avons vu l'annonce de médailles.
À présent, nous débattons d'une proposition de loi permettant aux salariés de donner, sur leurs congés, des chèques-vacances aux soignants. Cela semble un geste venu du coeur ; pour ma part, j'estime qu'une telle proposition, véritablement, rapetisse la politique, et donne à ses bénéficiaires potentiels le sentiment que tout se passe comme si on les méprisait.
Ce qu'ils veulent, ce n'est pas cela. Ce qu'ils veulent, c'est que leurs salaires augmentent. Ce qu'ils veulent, c'est être reconnus. Ce qu'ils veulent, ce sont des créations d'emplois. Ce qu'ils veulent, c'est l'amélioration de leurs conditions de travail. Ce qu'ils veulent, c'est mieux faire le travail qu'ils aiment tant.
Je suis d'autant plus remonté contre le texte dont nous débattons que – peut-être l'a-t-on déjà dit, je suis arrivé un peu en retard – l'ANCV a été privée par l'État de 30 millions d'euros – certes pour alimenter le fonds de solidarité en faveur des TPE-PME, mais quand même ! D'un côté, l'État prend 30 millions d'euros ; de l'autre, on demande aux salariés de prendre sur leurs congés pour donner des chèques-vacances !