C'est à la façon dont sont traitées les personnes qui soignent et protègent les habitants que l'on reconnaît la grandeur d'un pays. Au vu de la situation actuelle, il y aurait malheureusement quelques raisons de douter de notre grandeur… Non seulement les conditions de travail des personnels soignants continuent de se dégrader, mais on constate que leurs salaires ne sont pas assez élevés ; il faudrait les revaloriser, et cela bien au-delà de l'octroi d'une simple prime.
Autre problème, celui des ARS. Vous l'avez dit tout à l'heure, monsieur le secrétaire d'État : on ne peut pas considérer que les agents des agences régionales de santé, dans leur totalité, n'ont pas fait leur travail. J'ai moi-même constaté dans mon territoire que beaucoup ont travaillé jour et nuit durant la crise. Néanmoins, il y a eu un réel problème de réactivité : on a préféré attendre les ordres venus d'en haut plutôt que de faire confiance aux personnes qui se trouvent sur le terrain.
Monsieur le secrétaire d'État, cette « administocratie » a eu de lourdes conséquences. Je prendrai pour exemple l'établissement hospitalier pour personnes âgées dépendantes – EHPAD – de Cornimont, qui a vu, malheureusement, disparaître en avril dernier vingt-cinq de ses pensionnaires, emportés par le coronavirus en quelques jours.
Je ne veux jeter la pierre à personne ; je vous fais simplement part d'un constat logique et d'une remarque de bon sens. Si les ARS avaient écouté les personnes qui sont sur le terrain et réagi en amont, au lieu d'attendre un ordre de leur direction régionale, voire de leur direction nationale, on aurait pu gagner deux à quatre jours ; cela aurait peut-être permis d'éviter des contaminations fatales.
Il faut espérer que cet épisode malheureux servira de leçon, et que l'on ne retombera pas dans les travers d'une ARS centralisée ; souhaitons que ces agences deviennent une administration au service des personnels locaux, des élus et des soignants, qui sont au plus proche des problèmes du terrain.
On dit souvent que l'intelligence est locale. Ma question est simple, monsieur le secrétaire d'État : allez-vous faire comprendre à votre administration qu'elle doit faire confiance à ceux qui sont sur le terrain ?