Monsieur le secrétaire d'État, une délégation de l'Assemblée nationale a récemment publié un rapport évaluant l'impact de la crise sanitaire sur les finances des collectivités locales. Le constat est sans appel : rien que cette année, près de 7 milliards d'euros devraient manquer dans les caisses des villes et des départements. Bon nombre de collectivités étaient déjà en difficulté avant la crise, malmenées par des années d'austérité budgétaire et de baisse des dotations que l'État leur accorde. Or nous l'avons vu, les municipalités et les départements sont en première ligne de nos institutions pour aider la population à faire face aux difficultés qu'elle rencontre depuis le mois de mars. Des dépenses sont venues s'ajouter au financement des services publics de proximité, grevant les budgets locaux : achats de masques à destination de la population, mise en place de dispositifs d'entraide ou encore versement d'aides exceptionnelles aux familles. Ainsi, dans ma circonscription, la ville de Montreuil a distribué 100 euros sous forme de chèques alimentaires à plus de 3 000 ménages en difficulté.
Le Gouvernement a annoncé fin mai une première série de mesures pour aider les collectivités : or, alors que celles-ci s'apprêtent à perdre 7 milliards d'euros, seulement 4,5 milliards devraient être débloqués par l'État. C'est peu, d'autant qu'une part importante de cette somme consiste en réalité en avances de trésorerie et non en financements directs.
Je veux vous donner des exemples concrets. Bagnolet, autre commune de ma circonscription et ville la plus endettée de France, a perdu 10 millions depuis 2013 et la situation s'est encore dégradée pour les raisons que je viens d'évoquer. Plus de 5 millions d'euros manqueront au budget de Montreuil cette année. Pour le département de Seine-Saint-Denis, la perte se chiffrera en dizaines de millions d'euros, du fait notamment de l'explosion attendue du nombre des bénéficiaires du RSA.
Monsieur le secrétaire d'État, le Gouvernement a annoncé une aide de 7 milliards pour Air France et 5 milliards de prêts garantis pour Renault malgré 4 600 suppressions d'emploi. Nos collectivités locales, qui emploient 2 millions de personnes, sont souvent le dernier rempart social à protéger nos concitoyens les plus fragiles. Elles sont aussi les premiers investisseurs de notre pays : elles ont besoin d'être aidées avec au moins autant de détermination que les grands groupes du CAC40.