Intervention de M'jid El Guerrab

Séance en hémicycle du mardi 9 juin 2020 à 15h00
Débat sur le soutien à l'économie face à la crise due au covid-19

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaM'jid El Guerrab :

Rousseau disait : « Quand je paye une dette, c'est un devoir que je remplis ; quand je fais un don, c'est un plaisir que je me donne. » Le remboursement d'une dette est un devoir qui engage l'ensemble de notre société, non seulement les contribuables actuels, mais aussi nos enfants, à qui nous transmettons cette charge. Nous, décideurs politiques, avons donc une responsabilité qui dépasse le cadre de notre mandat et la question de l'assainissement des comptes publics est fondamental.

La crise aura pour les finances publiques des conséquences inédites depuis 1929. Le déficit sera bien supérieur à celui de 2008, puisqu'il devrait s'élever à 11,44 % du PIB : 250 milliards pour le budget de l'État et 22 milliards pour celui de la sécurité sociale. Les prévisions de croissance sont revues à la baisse chaque semaine. La récession devrait atteindre 11 % du PIB. La dette française frôlera 120 % du PIB, voire davantage – le ministre Bruno Le Maire vient d'annoncer un déficit de 121 %.

De nombreuses incertitudes pèsent sur la relance économique. Nous attendons la présentation, demain, d'un troisième PLFR, pour connaître les mesures concrètes qui permettront de restaurer la croissance. Toutes ces mesures sont fondamentales pour soutenir les entreprises qui souffrent le plus de la crise. Elles permettront de limiter ses effets sur l'emploi, le pouvoir d'achat et la consommation des ménages.

Néanmoins, la question de leur financement se pose. Une part importante du budget de l'État aura été consacrée à des mesures de court terme – 20 % de notre richesse nationale. On peut dès lors s'interroger sur la capacité de l'État de procéder aux investissements qui s'imposent pour l'avenir. La crise a montré les carences de l'État en la matière. Le monde de demain nous expose à de nombreux défis environnementaux : seul un investissement massif de l'État permettra de proposer un horizon.

Churchill disait : « Un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité ; un optimiste voit l'opportunité dans chaque difficulté. » Pour reprendre une idée de l'ancienne secrétaire d'État Axelle Lemaire, il faut voir dans cette crise l'opportunité de repenser notre modèle et de prendre des initiatives inédites.

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