Soir et week-end, dans toute la France, encore trop d'inconscients privatisent les rues, les routes et les autoroutes, mettant ainsi en danger la population, qui souffre en silence du vacarme de ces regroupements de motos, scooters, quads et autres engins illégalement arrangés, souvent volés, toujours dépourvus de plaque d'immatriculation. Il semble que le confinement n'ait pas calmé l'ardeur de ces jeunes à vouloir faire parler d'eux, se faire connaître et se reconnaître, notamment à l'aide des réseaux sociaux, dans ce qu'ils considèrent donc comme une performance.
Selon les chiffres du ministère de l'intérieur, depuis le début de l'année, les interventions ont augmenté de 16 % par rapport au début de 2019. Depuis 2018, les forces de l'ordre ont d'ailleurs procédé à près de 40 000 interventions. C'est l'occasion pour moi de leur rendre un hommage appuyé et de leur apporter tout mon soutien. Pour avoir été vice-présidente du groupe d'études « Sécurité », je sais leur engagement et leur dévouement envers la République.
Depuis la loi du 3 août 2018, les rodéos urbains sont considérés comme des délits passibles d'un an de prison et de 15 000 euros d'amende, avec confiscation du véhicule. Dans certains cas, les peines peuvent même aller jusqu'à cinq ans de prison et 75 000 euros d'amende. Dans le cadre de la création de cellules anti-rodéos, deux quartiers du Havre, la Mare-Rouge et le Mont-Gaillard, avait été désignés quartiers de reconquête républicaine, ce qui avait permis d'interpeller des pilotes et des motos cross : c'est bien, mais insuffisant. La population est à bout : il faut que des solutions radicales soient trouvées.
Monsieur le secrétaire d'État, nous le voyons bien, la loi renforçant la lutte contre les rodéos motorisés présente des failles. Vous avez annoncé la création d'une mission parlementaire pour l'évaluer et proposer un nouveau plan de lutte contre les rodéos. Je salue cette initiative, car renforcer le dispositif de la loi me semble indispensable. Les jeunes doivent prendre conscience des risques qu'ils prennent et du danger qu'ils font courir aux riverains excédés.
Pourquoi ne pas systématiser la confiscation du véhicule et revenir sur le caractère réitératif du comportement routier ? Il semblerait qu'il soit devenu indispensable de sanctionner les contrevenants dès le premier acte, notamment le wheeling, cette pratique de la roue arrière qui déclenche généralement tout le reste. Il pourrait également être utile de limiter les interprétations jurisprudentielles, qui, in fine, limitent l'efficacité de la loi. Par ailleurs, pour tenter de responsabiliser ce jeunes, des visites auprès de jeunes victimes d'accidents de la route pourraient-elles être envisagées ? Enfin, les forces de l'ordre qui font face à ce type de regroupements doivent pouvoir nous aiguiller sur les manquements et éléments à approfondir pour que ce fléau disparaisse.