Il semble aujourd'hui que la crise, les acteurs de terrain et les patients valident ce choix. Et alors que ce soir, résonnent dans l'hémicycle les mots « austérité » et « casse » de l'hôpital, je m'interroge : où est cette austérité depuis 2017 ? Où est l'austérité, quand on sait que nous avons voté ici-même, en novembre, une augmentation de 1,5 milliard d'euros du budget de l'hôpital ? Où est l'austérité dans l'augmentation des tarifs hospitaliers en 2019, qui constitue une première depuis dix ans ? Où est l'austérité lorsqu'on prévoit plan de 750 millions d'euros pour les urgences ?
La crise nous impose évidemment d'en faire plus, d'aller plus vite, d'être réactifs, mais ne laissons pas des voix crier que nous regardons l'hôpital s'effondrer sans rien faire. Ce serait nier nos efforts, nos engagements et nos valeurs, et je n'y verrai qu'une amnésie parlementaire. Une rupture idéologique suivie de faits concrets : telle est bien l'ambition que nous avons depuis 2017. Le Président de la République l'a d'ailleurs lui-même rappelée dans son adresse aux Français, le 12 mars dernier. Il a alors déclaré que la santé n'a pas de prix et qu'il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché.
Vous le savez, le vaste chantier du Ségur de la santé s'est ouvert le 26 mai. Il réunit tous les acteurs pour qu'ils avancent rapidement et ensemble vers la revalorisation des métiers, le financement des soins, la simplification des organisations et la coopération territoriale. Ce chantier permettra, nous le souhaitons, de lever les tabous bien trop enfouis de notre système de santé. Le Ségur est chargé de promesses et d'ambitions : si l'augmentation de la rémunération est bien entendu l'un des enjeux cruciaux, ces semaines de concertation sont également l'occasion de créer un nouvel environnement, pour que la confiance dans les acteurs du soin soit renforcée.
Les acteurs du système de santé n'ont besoin ni de nouvelles contraintes ni de nouvelles règles ni de nouveau formulaires à remplir, mais bien de liberté, pour être autonomes dans l'organisation des services, pour innover ; ils ont besoin de liberté pour soigner, tout simplement. Cette liberté, j'en suis convaincue, permettra aux acteurs de santé de retrouver du sens dans l'exercice de leur métier et de reconstruire la confiance aujourd'hui mise à mal.