Le Covid-19 s'est abattu soudainement sur le monde et bien entendu sur notre pays, suscitant le même état de sidération que l'effondrement de nos armées en trois semaines en 1940. Et voilà nos élites complètement perdues, personne ne sachant ce qu'il convient de faire. Nous avons retrouvé les réflexes acquis lors de l'épidémie de grippe espagnole qui, au lendemain de la Première Guerre mondiale, fit presque autant de morts que cette dernière. Les anciens dans nos villages se souviennent encore de cette époque où, déjà, on éternuait dans son coude, on se tenait à trois mètres de distance, on renonçait à l'office religieux.
Depuis, nous n'avons pas avancé… C'est surtout au cours des quarante dernières années que nous avons reculé, à mesure que s'effaçait notre modèle démocratique, qui restera à mes yeux certainement l'un des plus beaux – on a parlé du modèle athénien, qui ne dura pas longtemps et n'était pas non plus parfait mais le nôtre ne fut pas si mauvais. Un système féroce se mit en route après la chute du mur de Berlin. Nous étions alors les vainqueurs, mais au lieu de continuer notre quête démocratique engagée depuis si longtemps et notre lente montée en civilisation, nous lançâmes soudain une opération portes ouvertes en faveur du capitalisme le plus féroce de tous les temps.
Dès lors, et malgré les protestations de toutes les femmes et de tous les hommes de bonne volonté, Mme Bachelot, Mme Touraine puis la championne du monde toutes catégories, Mme Buzyn, se sont abattues tour à tour sur nos hôpitaux, sur nos maternités, avec le succès que nous connaissons tous. Nous ne comptons plus les enfants qui, chez nous, naissent au bord des routes, comme jadis, au XIXe siècle, ils naissaient dans la rue, parce que les voitures n'ont pas le temps d'arriver au centre hospitalier le plus proche.