Ce que nous montre cette crise, c'est que les anciennes recettes ne fonctionnent plus ! Elle nous impose donc de trouver une nouvelle solution pour relancer notre économie et soutenir nos concitoyens. Je ne peux que souscrire à votre objectif, qui a d'ailleurs toujours été celui du Gouvernement : redistribuer la valeur ajoutée entre tous les citoyens et réduire les inégalités – non seulement celles-ci sont inefficaces économiquement, mais elles sont aussi le terreau de la division sociale. Permettez-moi cependant de vous rappeler que selon les études économiques et sociologiques, la France est l'un des pays du monde où les politiques publiques corrigent le plus fortement les inégalités de revenus, en réduisant les écarts par une redistribution importante en direction des plus modestes.
Parallèlement, ces mêmes études pointent des inégalités de destins majeures. En France, il faut cinq à six générations pour changer de catégorie socioprofessionnelle, alors qu'il en faut deux à trois chez nos voisins et qu'il en fallait également deux à trois dans notre pays il y a une quarantaine d'années. Il ne faut donc pas se tromper de combat, ni d'instrument pour le mener.
Le combat que vous nous proposez se limite à la seule taxation des hauts revenus. L'instrument que vous nous suggérez signifie un retour en arrière, puisqu'il s'agit du rétablissement pur et simple de l'ISF. Les Français attendent beaucoup plus de nous : ils attendent que nous inventions de nouveaux outils efficaces et de nouvelles solidarités, non que nous ressassions des dispositifs dont nous savons qu'ils sont inefficaces…