De toute évidence, vous n'avez pas pris la mesure de la gravité de la situation. Nous ne pouvons plus nous permettre d'attendre le prochain attentat qui sera commis sur notre sol pour prendre les mesures qui s'imposent. J'espère que vous vous ressaisirez face à la réalité de la menace et à l'horreur des faits. Je vous invite solennellement à revenir sur ce que vous avez fait en commission.
En l'état, cette proposition de loi pourra-t-elle empêcher de nouvelles scènes d'horreur ? Non, pas plus qu'aucune autre loi. Tous ensemble, cependant, nous pouvons améliorer ce texte pour le rendre aussi efficace que possible tout en respectant les libertés publiques.
Pour cela, il est indispensable d'étendre les mesures dont nous allons débattre aux détenus de droit commun radicalisés. Il y a dans les prisons entre 1 000 – selon l'administration – et 1 700 – selon les syndicats – détenus de droit commun soupçonnés de radicalisation, les fameux DCSR. En outre, le phénomène est en cours d'examen dans les quartiers d'évaluation de la radicalisation. Si, à l'issue de cette évaluation, il est avéré que la radicalisation de ces détenus fait peser de graves menaces de passage à l'acte, alors il sera nécessaire de leur imposer à eux aussi des mesures de sûreté.
Le Conseil d'État l'a affirmé clairement : la radicalisation en prison est un fait documenté. Loin d'apaiser la violence parmi les détenus, la prison est un incubateur de radicalisation. C'est ainsi que des détenus de droit commun radicalisés en prison sont devenus des terroristes : Mohammed Merah, Chérif Chekatt, Michaël Chiolo, Mehdi Nemmouche.