Intervention de Jean-Carles Grelier

Séance en hémicycle du jeudi 25 juin 2020 à 9h00
Permanence des soins au sortir de la crise sanitaire — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Carles Grelier :

Alors que la politique de santé de la République est fondée sur la volonté d'assurer à chaque femme et à chaque homme, partout sur le territoire, les meilleures conditions de prise en charge, force est de constater que notre système de santé est à bout de souffle, qu'il ne tient plus que par le dévouement extrême des professionnels de santé qui, partout, continuent de s'engager pour offrir à tous les Français un accès à une santé de qualité.

Si le système de santé s'est dégradé, c'est que longtemps, il n'a été apprécié que sous un angle strictement budgétaire et comptable. L'objectif de réduction des déficits paraît aujourd'hui illusoire, tant les crises repoussent à intervalles réguliers l'échéance, tant les incertitudes pèsent à l'échelle mondiale.

À certains égards, le constat est glaçant : il manque aux politiques de prévention une gouvernance, une coordination entre les différents acteurs et une évaluation régulière. La France se classe désormais à la vingt-troisième place sur les vingt-sept pays de l'Union européenne pour l'espérance de vie en bonne santé des plus de 65 ans. La médecine préventive est laissée en déshérence : la statistique la plus défavorable laisse apparaître dans certaines régions un médecin scolaire pour 47 000 élèves. Les dépenses relatives aux maladies chroniques qui en résultent représentent désormais 65 % des dépenses annuelles de l'assurance maladie.

L'état de la psychiatrie n'est pas moins inquiétant : 12,5 millions de Français sont porteurs d'une affection psychiatrique ou mentale, et ce chiffre est en train de croître de manière exponentielle suite à la crise de la covid-19. Le coût pour l'assurance maladie est estimé à 103 milliards d'euros chaque année.

Les établissements de santé, qu'ils soient privés ou publics, sont exsangues. L'équation financière insoluble atteint désormais tous les acteurs de la filière du médicament. Une pharmacie d'officine ferme tous les deux jours, les répartiteurs pharmaceutiques livrent parfois à perte et beaucoup d'industriels ont interrompu leurs investissements comme leurs travaux de recherche en France. Et la liste pourrait ainsi se prolonger.

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