Telle qu'elle a été dépeinte par mes collègues, la situation du commerce extérieur est très alarmante et elle s'aggrave. Les derniers chiffres des douanes ont été publiés ce matin : nous sommes à 60,8 milliards de déficit du commerce extérieur, sur une année glissante. Même le domaine des services est aujourd'hui déficitaire, c'est-à-dire que le peu de secteurs où nous étions excédentaires, nous ne les avons plus !
Il y a trois raisons principales à cela : la cherté de l'euro, la hausse des prix, notamment des hydrocarbures, la reprise de l'activité, qui entraîne plus de consommation, donc plus d'importations.
Ensuite, il y a des raisons structurelles qui tiennent à la faible compétitivité globale de notre économie. Du moins les auditions que j'ai conduites ont-elles permis de faire ressortir que tout le monde considère que les réformes entamées sont positives : elles sont saluées par l'ensemble des acteurs.
Cela étant, nous avons encore beaucoup à faire, en particulier pour remédier à l'inefficacité de nos systèmes, qui tient à l'énorme déperdition liée à ce mille-feuille d'organismes qui se superposent, se contredisent et se concurrencent.
Le Président de la République a annoncé des objectifs bien précis, comme celui de passer de 125 000 à 200 000 entreprises exportatrices. De ce point de vue, la filière de l'agro-alimentaire me semble assez représentative des problèmes que nous connaissons : nous avons énormément de bons produits en France, leur image à l'étranger est excellente, mais nous n'arrivons pas à exporter. Dans certains pays, nos produits agro-alimentaires sont moins présents que les produits allemands ou australiens.
Pourquoi ? D'abord, nos entreprises productrices sont en général des PME ou TPE, souvent de type familial, qui ne sont pas dotées d'un service export et n'ont les moyens ni d'avoir un directeur export, ni d'investir sur un, deux ou trois ans, avant d'enregistrer les premières commandes. Ce sont donc ces entreprises qu'il faut absolument aider, beaucoup plus que les grandes entreprises et les ETI, qui ont les moyens de s'exporter et auxquels les outils disponibles sont plus accessibles, alors que les TPE et les PME représentent 94 % des emplois dans notre pays.
On m'a donné l'exemple d'une entreprise qui fait des confitures en Dordogne, qui a eu la chance de décrocher une commande lors d'un salon, mais qui ne peut envoyer deux palettes au Japon, parce que le coût du transport est plus élevé que celui de la confiture, mais aussi Pr ce qu'il lui faudrait préalablement traduire les étiquettes et remplir des formulaires en japonais. Rien de tout cela n'est accessible à nos entreprises, qui sont trop franco-françaises. Il faudrait donc des outils permettant de répondre à ces problématiques.
Autre sujet de préoccupation : les crédits alloués à Business France ne cessent de diminuer – de 20 % ces dernières années. Pour équilibrer son budget, cet organisme est obligé d'augmenter la part des facturations dans ses ressources : elle atteint aujourd'hui 49 %.
Enfin, depuis vingt ans, les dispositifs dits de garantie publique comme l'assurance-crédit ou l'assurance prospection. ils dégagent en moyenne un excédent de 600 millions à 800 millions par an. On peut déplorer qu'en deux ans seulement, de 2014 à 2016, le nombre de PME accédant à l'assurance prospection ait été divisé par deux.