J'appelle l'attention du ministre des solidarités et de la santé sur la souveraineté sanitaire de la France. Nous avons, durant ces derniers mois, entendu combien il était important d'avoir des produits de santé français en cas de crise sanitaire ; nous avons également entendu des engagements du Gouvernement sur ce sujet majeur : il faut maintenant passer des paroles aux actes.
Or, dans l'Orne, un dossier emblématique montre que, pour garantir la sécurité et l'autosuffisance sanitaires dans les mois qui viennent, il est nécessaire que l'État ne tarde pas à donner son feu vert.
Le groupe Lemoine, implanté en Normandie, est le leader européen et le numéro deux mondial des produits de soin et d'hygiène à base de coton. Face à la crise et dès le 25 mars, devant la pénurie de produits sanitaires essentiels à la lutte contre l'épidémie, le groupe a détourné ses modes de production pour fabriquer les seuls écouvillons 100 % français permettant de réaliser des tests covid. Les efforts conjoints des salariés, de la direction et des services de l'État ont permis la production de plus de 4 millions d'écouvillons.
Dans le cadre de ce partenariat, il a été constaté, durant le pic de la crise et aujourd'hui encore, un manque criant de surblouses pour les établissements hospitaliers. Rappelons que, à l'heure actuelle, aucune unité de production n'existe en France ni même en Europe pour ce type de matériels produits en Asie. Le Groupe Lemoine a donc décidé de lancer une étude pour la construction d'une machine sur mesure, conçue également dans l'Orne, à Tinchebray, afin de produire en France des surblouses à destination des personnels soignants de notre pays. Cette machine représente certes un investissement initial de plusieurs millions d'euros, mais elle permettrait de faire sortir de l'usine normande près de 10 000 surblouses par jour, soit environ 3,5 millions par an, nombre suffisant pour que notre pays soit autonome en production.
Afin de lancer la mise en route de cette machine, qui permettra de surcroît d'approcher les prix de production asiatiques actuels, l'industriel a besoin dès maintenant de visibilité quant à la volonté de l'État de privilégier dans ses achats futurs la production locale et surtout de s'engager dans le temps, au minimum sur trente-six mois, sachant qu'il s'agit de produits à usage unique et fabriqués avec des marges extrêmement réduites.
Dès lors, le Gouvernement est-il prêt à s'engager totalement et rapidement pour que ces types de production soient dans quelques mois entièrement assurés par des entreprises françaises ?