Il faut être aussi prudent que déterminé lorsqu'on touche au sujet de l'éco-conditionnalité. Les idées qui sont en théorie les meilleures peuvent soulever les pires difficultés pratiques. Au sein de la majorité comme des oppositions, nous sommes nombreux à penser qu'il faut faire évoluer les choses sur ce sujet, auquel Dominique Potier travaille depuis des années ; mais, en l'occurrence, ce serait à la fois trop tôt et trop fort.
Trop tôt, parce que nous ne sommes pas seuls. Nous faisons partie de l'Europe et, comme vous le savez, monsieur Potier, l'Europe, elle aussi, travaille sur le sujet en ce moment même. Elle va très prochainement, c'est-à-dire dans les six prochains mois, définir sa propre batterie d'indicateurs de gouvernance, environnementaux et sociaux. Comment la France pourrait-elle envisager de prendre des mesures unilatérales alors que l'impulsion européenne est imminente ? Valdis Dombrovskis est à la manoeuvre, et les choses bougent !
Trop fort, parce qu'en imposant une condition, nous prendrions le risque de décourager des entreprises, qui ne demanderaient tout simplement pas à bénéficier des aides de l'État, particulièrement indispensables pour leur permettre de faire face à la crise. Je l'ai dit en commission – je n'ai donc qu'un seul mérite, celui de la cohérence.