Merci, monsieur l'envoyé spécial, pour les précisions que vous nous avez apportées. Vous avez répondu à la plupart des questions que je voulais vous poser au départ, mais vos interventions ont suscité chez moi d'autres interrogations. Je m'interroge notamment sur la situation des Kurdes et sur leur place autour de la table des négociations. Quel que soit le pays où ils vivent, les Kurdes doivent rester pour nous une préoccupation humanitaire et politique. Tout en étant une difficulté, cette question peut être la solution aux problèmes de cet espace.
Nous avons tous ici d'autres questions en tête : comment Daech a-t-il pu monter une armée aussi puissante ? Avec quels moyens ? Qui a payé ?
Votre intervention m'a aussi conduit à m'interroger au sujet des élections. Pour suivre un peu la question du Sahara occidental et le problème de l'identification des votants, je me demande comment il sera possible de valider une élection avec autant de millions de réfugiés et de déplacés. Qui va contrôler l'établissement des listes ? Qui va voter ? Où ? Comment le résultat va-t-il être accepté par toutes les parties ? C'est un véritable enjeu.
Vous avez aussi prononcé deux phrases qui me touchent. L'une concernait la constitution syrienne qui prévoit des pouvoirs exorbitants pour le chef de l'État. Je vais vous donner la Constitution de la Ve République française pour que vous mesuriez aussi les pouvoirs exorbitants du Président de la République de notre pays. Nous ne sommes certes pas dans la même situation, mais la comparaison peut être intéressante.
Dans une autre phrase, vous avez évoqué l'idée de punir ceux qui ont tué tellement de gens. Alors que j'étais un jeune adulte, j'avais été marqué par un journal télévisé diffusé en France. Tarek Aziz, ministre irakien des affaires étrangères, expliquait avec des mots sincères et touchants qu'il n'y avait pas d'armes de destruction massive dans son pays. J'ai encore les images en tête. Il proposait d'ouvrir les portes.
Malgré tout, on est allé faire la guerre là-bas. Cette intervention a, en quelque sorte, déclenché la déstabilisation et les événements dont nous discutons aujourd'hui. Ceux qui ont pris la décision d'intervenir militairement en Irak n'ont jamais été jugés. Ils ne se sont même jamais excusés d'avoir pris cette décision. Comme vous le dites, il faut punir ceux qui ont tué, ceux qui portent des responsabilités. L'ONU devrait peut-être se saisir de ce sujet, de manière à faire avancer les choses, car plus de justice peut aussi conduire à plus de paix.