À la lumière de tous les propos qui viennent d'être tenus par nos collègues et par l'envoyé spécial, que je remercie pour la précision de ses réponses, nous assistons semble-t-il à un renversement d'alliances dans cette partie du monde et, en particulier, à une baisse de l'influence américaine dans la grande région du Moyen-Orient. Un pays majeur pour l'OTAN en est l'illustration : la Turquie. Elle qui fut depuis 1952 l'avant-garde, le pion le plus avancé de l'OTAN, se trouve aujourd'hui en proie à un incroyable tourment. Nous sommes en effet face à une situation stupéfiante, que vous n'avez pas relevée et qui est à front renversé : la Turquie, membre de l'OTAN, combat les Kurdes qui sont eux-mêmes soutenus par les Américains. Autrement dit, voici un allié des États-Unis qui combat les gens que les États-Unis défendent. Or, il s'est produit un coup de force diplomatique et politique : les Russes sont parvenus à vendre des missiles S-400 de dernière génération – des missiles antiaériens de longue portée – à la Turquie. Sur ce point, vous avez apporté une réponse soft, estimant que les Turcs, en se dotant d'armes russes, laissaient entendre qu'ils pourraient changer d'alliance. Je n'en crois rien : les Turcs ont acheté ces missiles pour frapper et terroriser les Kurdes, voilà la vérité !