Je vous remercie, monsieur l'envoyé spécial, de nous faire partager votre profonde connaissance de cette région si compliquée. Ma question porte sur les yézidis, que vous avez évoqués. Leur culture et leur religion plurimillénaires sont uniques au monde. Les yézidis ont besoin de justice ; les enquêteurs de l'ONU et le Parlement européen ont reconnu leur génocide et l'Assemblée nationale et le Sénat ont adopté des résolutions invitant de même à le reconnaître officiellement. Daech, les considérant comme des adorateurs du diable précisément parce qu'ils s'opposent au diable, a détruit la plupart des villes et des lieux où ils vivaient. Les femmes et les filles ont été vendues et asservies sexuellement par les combattants de Daech ; les garçons ont été endoctrinés, entraînés et utilisés dans les combats. Il se produit donc une perte d'identité certaine. Les villages non déminés, les maisons détruites, les blessures subies par cette culture, la quasi inexistence de sa représentation officielle sont autant de facteurs qui portent à croire que nous assistons à la mort annoncée d'une culture.
Après ces destructions massives et maintenant que Daech recule à grands pas et que certaines zones sont libérées, peut-on envisager que le peuple yézidi se reconstruise sur les ruines de son habitat et de son identité ? En effet, il n'est pas possible de transposer cette culture dans d'autres régions, comme en atteste le fait que toutes les diasporas yézidies s'achèvent par la déculturation et l'assimilation aux pays où elles se trouvent.