Intervention de Marc Le Fur

Séance en hémicycle du vendredi 31 juillet 2020 à 9h00
Bioéthique — Article 10

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarc Le Fur :

Il s'agit d'un débat de fond, et je ne vous cache pas que je suis très partagé, comme, d'ailleurs, chacun de nos groupes politiques. Pourquoi ? Parce que je suis très attaché à la possibilité d'accoucher sous X. C'est une liberté donnée aux femmes ; c'est la garantie de la vie pour un certain nombre d'enfants ; c'est aussi, pour ces enfants, la possibilité d'embellir la vie du couple qui les accueillera en les adoptant.

Il n'empêche que la quête des origines est on ne peut plus légitime, et qu'elle intéresse nombre de nos compatriotes. Pour le constater, il suffit de voir tous ceux qui fréquentent les services d'archives de nos départements pour connaître, qui la généalogie des paysans bas-bretons qui l'ont précédé, qui ses origines antillaises ou africaines ; c'est passionnant. Il suffit, aussi, de voir les demandes exprimées par les uns et les autres, qui ne sont pas nécessairement des trahisons : l'enfant adopté venu des trottoirs de Manille ou de l'entrée d'une église de Montréal recherche lui aussi très légitimement ses origines, mais il ne trahit pas pour autant le couple qui l'a accueilli et qui lui a donné de l'amour. Ces personnes veulent légitimement savoir des choses sur elles-mêmes.

Pardonnez-moi de le dire, monsieur le président Mélenchon, mais je suis à votre opposé. Dans votre logique, ce qui compte, c'est la perspective ; dans ma logique philosophique et politique, ce qui compte, c'est la transmission, notamment de valeurs, mais aussi d'origines. Un jeune peut vouloir savoir qui était son père, même si ce père a rencontré sa mère de manière fugace et a disparu ensuite ; cette quête est légitime.

Or, celui qui cherche ses origines, on ne l'arrêtera pas. Il a aujourd'hui la possibilité d'aller chez des margoulins – Mme la ministre et M. le rapporteur l'ont parfaitement dit – , mais il pourra peut-être demain se tourner vers des structures scientifiques solides, si ce n'est déjà le cas. On ne le sanctionnera pas, puisqu'on appliquera de fait la règle que vous appliquez pour la GPA : ce qui est légal à l'étranger devient légal pour le Français qui le pratique à l'étranger.

Pour toutes ces raisons, je considère qu'il vaut mieux que les choses se fassent chez nous, avec des règles élaborées chez nous, qui nous permettent d'éviter une dérive vers la médecine prédictive. Celle-ci serait dramatique, notamment parce qu'elle irait à l'encontre du libre arbitre, à plus forte raison si l'on en venait à connaître le terme de sa vie. La recherche des origines me semble légitime, et je préfère qu'elle soit encadrée et organisée chez nous que soumise aux forces du marché à l'extérieur. Je suis donc assez sensible aux amendements présentés.

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