La recherche, c'est une aventure contre l'inconnu, un métier passionnant et exigeant, mais aussi un métier douloureux où l'on se confronte sans cesse à son ignorance. C'est aussi une activité qui porte en elle le germe de la société future. Toute la technologie, sans exception, dont nous jouissons aujourd'hui, des trains à grande vitesse aux ordinateurs portables, des nouveaux procédés de viticulture aux images de synthèse, a été, un jour, un sujet de recherche.
À l'heure où s'accumulent les nuages sur notre monde, qu'il s'agisse du dérèglement climatique, de l'effondrement de la biodiversité et des ressources naturelles, ou de la fragilité de la cohésion sociale, et en cette heure de crise sanitaire, il relève du devoir de nos sociétés d'investir plus que jamais dans la recherche. De la même manière, à l'heure où les nations sont toutes en compétition pour tenir leur rang dans la recherche internationale, y compris de nouvelles venues qui émergent spectaculairement, il relève aussi du devoir de notre pays de faire honneur à sa grande tradition de recherche.
Si la recherche est exaltante, la vie des chercheurs et des chercheuses a été morose ces dernières années, particulièrement dans le secteur public. Le pouvoir d'achat d'un enseignant-chercheur français débutant a chuté : en trente-cinq ans, sa rémunération est passée de 2,2 à 1,5 SMIC, ce qui ne représente que les deux tiers du salaire moyen des pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques – OCDE. Le pouvoir d'achat a baissé, mais les fardeaux administratifs ont grimpé. Les taux de succès aux appels à projets sont en berne. La précarité a augmenté. Les remaniements institutionnels ont absorbé du temps et de l'énergie. Les grandes entreprises privées et les géants universitaires internationaux ont capté nombre de nos jeunes les plus talentueux. Il est urgent de redonner horizons et perspectives à nos enseignants-chercheurs en herbe.
Pour remédier à ces maux, dans un secteur où l'investissement a été trop faible pendant trop longtemps, il fallait avant tout de l'argent – beaucoup d'argent – , et ce non seulement pour revaloriser les carrières, financer des emplois pérennes, offrir davantage de stabilité et de souplesse, mais aussi pour octroyer plus de missions, pour rendre les programmes de recherche plus facilement financés et mieux dotés, et pour mieux soutenir les laboratoires de recherche et les universités.
En prévoyant une augmentation annuelle de budget de 5 milliards d'euros, la LPPR assure enfin une amélioration sensible des budgets de la recherche. À titre de comparaison, en 2016, la suppression puis le rétablissement de 250 millions d'euros de crédits avaient constitué une affaire nationale, arbitrée directement par le chef de l'État.