Pour que le tableau des relations entre l'État et les collectivités locales soit complet, évoquons la fameuse suppression sur trois ans de la taxe d'habitation pour 80 % des ménages. Au lieu d'engager une réforme d'ampleur qui aurait rendu l'impôt plus juste, vous prenez une mesure dont les effets prévisibles seront délétères : diminution des services publics dans les communes les moins favorisées, là où les populations en ont le plus besoin ; favoritisme pour les communes qui possèdent le plus grand nombre de résidences secondaires ; levier fiscal portant sur une assiette bien plus large pour les communes qui accueillent déjà les ménages favorisés.
Devant les réactions que provoque cette mesure décidée à la hâte, vous prenez sans vergogne l'opinion à témoin en lui faisant croire que ceux qui s'opposent à vous seraient des défenseurs de l'impôt. Mais en fait, avec la suppression de la taxe d'habitation, la baisse des APL – aides personnalisées au logement – et les mécanismes de contrôle et de pénalisation des politiques locales que vous instaurez, vous cassez les territoires les plus en difficulté.
Je vous invite, monsieur le ministre, au-delà des chiffres, à entendre le message des territoires de vie, de ceux que j'appelle souvent les territoires humiliés de la République, les oubliés de la République.
Ce message, les maires risquent d'ailleurs de vous le faire entendre avec force et colère lors de leur congrès.
Ce qui nous menace, c'est la mise en pièces de la République et de l'égalité territoriale, après avoir, dans le projet de loi de finances, creusé les inégalités sociales.