Bridgestone-Béthune : on croyait ces deux noms liés à vie tant l'usine faisait partie du patrimoine de la ville, à l'instar de son beffroi. Elle fut en 1961, grâce à l'action de la jeune chambre économique, un cadeau venu du ciel américain, incarnant l'amorce de la reconversion minière. Béthune était alors au coeur du marché de l'Europe du Nord-Ouest. L'usine a fait vivre jusqu'à 1500 familles. On y travaillait de père en fils et on en était fier ! Avec le nouveau siècle, elle est passée sous bannière japonaise. C'est vers l'Est et le Sud que se sont déplacés les marchés, mais aussi la compétitivité. La Pologne et l'Italie ont bénéficié des investissements, dont l'usine de Béthune aurait eu besoin pour se restructurer et se robotiser, il y a quelques années.
En France, pendant ces décennies, nous avons maintenu, voire accru une fiscalité dissuasive, en taxant lourdement une production facilement délocalisable. Six millions d'euros de contributions en 2019 pour le site de Béthune ! Cela doit interroger notre responsabilité collective d'élus.
La rentabilité n'a donc fait que décroître. Avec un marché mondial baissier, une absence de politique industrielle européenne, une consommation s'adaptant à notre stratégie de mobilité partagée et la chute de rentabilité du groupe nippon, le couperet est tombé le 16 septembre. Bridgestone ne veut pas profiter des mesures prises par le Gouvernement pour réenchanter l'industrie, relancer l'économie et relocaliser de la production.
Avec plus de 2000 familles touchées, c'est tout un territoire qui sera lourdement touché !