Nous discutons d'amendements importants, puisqu'il s'agit de savoir à qui l'on confie le pouvoir de police dans notre République. Je ne crois pas que fassions des leçons de morale : il s'agit de désaccords politiques, que nous avons parce que nous considérons, pour notre part, que le statut de fonctionnaire a une longue histoire, que ce n'est pas un privilège mais un choix de société fait il y a longtemps : il s'agissait de créer un statut qui soit un outil au service de l'État et de l'intérêt général, justement pour permettre une action à long terme.
S'agissant de la forêt, nous sommes bien dans le long terme, car tout ce que nous allons faire maintenant aura des conséquences pour les trente, cinquante, voire cent prochaines années ! Comment voulez-vous opérer une bifurcation écologique digne de ce nom avec des contractuels qui restent un, deux ou trois ans, et en diminuant le nombre de personnels ? Car c'est ce qu'il se passe actuellement à l'ONF, qui doit composer avec moins de richesses et des contractuels qui ne bénéficient pas du statut de fonctionnaire permettant d'oeuvrer à l'intérêt général sur le temps long.
J'aimerais donc que l'on m'explique quelle autre raison peut conduire à valider la dérive actuelle de l'ONF qui consiste à recruter des agents de droit privé, si ce n'est, comme cela a été fait à la RATP et à la SNCF, de prouver que le service public ne fonctionne pas bien et qu'il faut donc ouvrir le secteur à la concurrence – c'est-à-dire le privatiser, car c'est bien ce qu'il se passera ensuite ! Quelle autre raison, donc, qu'une question d'argent, puisque embaucher un fonctionnaire coûte environ 20 % plus cher qu'embaucher un contractuel ? Si c'est une question de sous, dites-le ! Vous ne pouvez pas annoncer un grand plan de 200 millions d'euros et vous passer, dans le même temps, de la richesse humaine et des gens qui ont l'expertise.
Comme je l'ai déjà dit en commission spéciale, planter des arbres, monsieur le ministre, ne fait pas une forêt ! Nous ne sommes pas d'accord sur ce sujet : soit, laissons-le de côté. Mais vous ne pouvez pas dire que l'État investit énormément d'argent, si vous vous passez des hommes et des femmes qui travaillent pour lui.