Intervention de Julien Denormandie

Séance en hémicycle du lundi 5 octobre 2020 à 16h00
Mise sur le marché de certains produits phytopharmaceutiques — Présentation

Julien Denormandie, ministre de l'agriculture et de l'alimentation :

Mais ce qu'il y a de plus difficile dans la nature, c'est le temps. La recherche agronomique, ce ne sont pas juste des cellules que nous développons dans une boîte de Petri : ce sont des tests dans les champs, qui prennent du temps – et l'on dit d'ailleurs souvent que dans une vie d'agriculteur, on n'a qu'une cinquantaine de tests possibles. Voilà la réalité agricole.

Ce texte, enfin, c'est le choix de faire la transition agroécologique avec la filière française, et non à son détriment. Car les autres États membres, eux, peuvent apporter une réponse à leurs betteraviers. Le règlement européen sur la mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques permet, par dérogation, d'utiliser des produits non autorisés « lorsqu'une telle mesure s'impose en raison d'un danger qui ne peut être maîtrisé par d'autres moyens raisonnables ». C'est ce qu'utilisent aujourd'hui onze pays européens sur quatorze, et c'est cette dérogation que le projet de loi vous propose de mettre en place.

Comme vous le voyez, celui-ci est très clair : il donne la possibilité d'utiliser une dérogation dès lors qu'aucune alternative crédible n'existe. Permettez-moi de m'y arrêter quelques instants. Non, il n'existe pas aujourd'hui d'alternative crédible. Tout d'abord, les produits chimiques qui ont été utilisés au cours de l'hiver 2019-2020 ont également des impacts environnementaux et se sont révélés inefficaces. Ensuite, les méthodes agronomiques – la modification des écosystèmes pour favoriser les auxiliaires, l'évolution du parcellaire et des itinéraires techniques – nécessitent du temps pour être mises au point et déployées. Malgré les efforts de recherche déjà consentis, il est clair que cela prendra encore du temps. Car, qu'on le veuille ou non, dans la nature, faire pousser une haie, cela prend du temps. Dans le plan de relance, nous consacrerons d'ailleurs plus de 50 millions d'euros à favoriser la plantation de haies.

Quant à la mise sous perfusion économique de la filière envisagée par certains, elle n'est pas non plus possible au regard de l'encadrement européen. Je le dis clairement, indemniser à 100 % la filière pour la mettre sous perfusion n'est pas possible ; les règles européennes sont très claires sur ce point.

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