C'est beaucoup plus simple de raisonner ainsi que de suivre la logique inverse, c'est-à-dire de répandre partout des produits qui nous empoisonnent et ensuite d'essayer d'en réparer les conséquences à la fois désastreuses et innombrables.
J'ai évoqué les êtres humains, mais comme de nos jours il ne faut parler que d'économie, c'est ce que je vais essayer de faire. Tout ce que l'on met sur ces plantes s'en va ensuite dans le sol et tue tout ce qui est vivant, tous ces animaux, vers de terre et petites bêtes de toutes sortes qui creusent, fouissent et aèrent la terre, lui permettant de devenir une éponge qui empêche ces énormes cascades de boues de se former dès qu'il pleut plus que d'habitude. Et il pleuvra dorénavant partout plus qu'auparavant.
L'an passé, des écoulements de boues ont touché des zones betteravières : on en observe partout. À l'inverse, chaque fois que l'on porte atteinte à la capacité des milieux terriens à absorber l'eau pour la restituer dans nos rivières à mesure que celles-ci voient leur crue descendre, cela donne des rivières à sec – tant et si bien que l'eau est un paramètre lié aux néonicotinoïdes.
Demain, vous ne pourrez régler aucun problème, dans aucune de vos communes, sans vous poser d'abord la question de l'eau. Vous voulez construire un lotissement : y aura-t-il assez d'eau pour tout le monde ? Vous voulez réaliser des prises d'eau sur les nappes phréatiques ou sur les rivières : cette eau est-elle réellement potable ? Je pourrai multiplier les exemples.
Ne traitons pas le problème seulement sous son angle le plus étroit – j'ose le dire – , celui qui s'impose à nous à cet instant, lorsque les pucerons verts viennent agresser les betteraves et qu'il s'en produit moins. S'il s'en produit moins, qu'importe, du moment que ceux qui les font pousser sont capables d'en vivre ?
Vous évoquez la souveraineté de la France dans ce domaine. Mais cette question ne se pose nullement, puisque notre production est très largement excédentaire.