Il y a presque soixante ans paraissait Printemps silencieux, l'un des ouvrages qui ont changé l'histoire du XXè siècle, écrit par une frêle femme qui se fit traiter de tous les noms. Relisez-le : il est d'une actualité extraordinaire. Certes, les pesticides ont changé de nom – le DDT ou dichlorodiphényltrichloroéthane, la dieldrine et l'aldrine ont fait place à l'imidaclopride, au thiaméthoxame et à la clothianidine – , mais les fondamentaux sont les mêmes : l'empoisonnement brut appliqué préventivement sans comprendre la subtilité des relations entre les êtres vivants ; les effets pervers de traitements pesticides trop efficaces, aboutissant à l'opposé du but initial ; l'empoisonnement qui, du champ aux nappes phréatiques, des insectes aux oiseaux, se généralise à tout le vivant ; les résistances acquises par les parasites ; et, déjà, la surproduction agricole et ses effets économiques mortifères et notre triste tendance à faire payer à l'environnement nos propres difficultés !