L'article 1er prévoit d'autoriser de nouveau l'usage des néonicotinoïdes, alors que leurs effets néfastes sont reconnus par tous. Nous savons les difficultés qu'affrontent cette année les exploitants, notamment les betteraviers, du fait de la sécheresse. Or, comme l'indique l'étude d'impact, des conditions sanitaires exceptionnelles seront amenées à se répéter de plus en plus souvent. Ces conditions – hiver très doux suivi d'un printemps chaud et lumineux – , nous en connaissons la cause. Elle tient en deux mots : dérèglement climatique.
Le groupe Socialistes et apparentés a formulé des propositions, au premier rang desquelles figure la création de mécanismes de compensation. Mais il est temps de s'interroger sur des adaptations à court, moyen et long terme. Notre société, et les secteurs les plus exposés aux conséquences de ces changements, doivent réfléchir dès à présent non seulement à des produits de substitution, lesquels peuvent eux aussi poser problème, mais surtout à des pratiques alternatives. Cette réflexion doit se traduire par une nette orientation vers la conversion agroécologique.
La loi date de 2016. Quels efforts avons-nous consentis depuis lors à la recherche et au soutien de solutions viables ? L'étude d'impact indique que l'effort de recherche et développement sera complété et amplifié afin d'accélérer l'identification de propositions opérationnelles : avec quels moyens et pour quelles priorités ? Aujourd'hui, sur le terrain, il faut inciter et soutenir massivement les exploitants à engager une véritable conversion appuyée sur des pratiques respectueuses des écosystèmes. Car, nous le savons, la résilience aux crises augmente lorsque ces orientations sont empruntées par les agriculteurs.
Il est plus que temps d'accompagner la mutation du secteur et de l'ensemble de l'agriculture pour l'adapter au long terme et la rendre définitivement indépendante des néonicotinoïdes, pour préserver aussi bien la biodiversité que la santé des hommes et des femmes de la filière, de l'ensemble des Français et de l'humanité. Leur réautorisation n'est donc pas envisageable.