Il s'agit encore de plaider contre ce régime dérogatoire, et après avoir utilisé l'argument écologique, passons à l'argument européen : on sait bien à quel point la construction de l'Europe est essentielle pour résoudre les enjeux non seulement écologiques mais aussi sociaux, c'est-à-dire tous les grands enjeux de notre temps, et aussi combien l'Europe a besoin d'être tirée par les États membres car elle est en fait ce que ceux-ci en font. Et la position de la France est des plus importantes à cet égard. Ainsi, quand elle votait l'interdiction des néonicotidoïnes, il était dans sa position historique, celle de tirer l'Europe vers le haut en lui montrant la bonne voie, de même quand, ces dernières années, elle appuyait la demande de l'AESA de se doter d'un nouveau règlement plus exigeant, là où d'autres États tergiversaient au point de faire capoter l'affaire, un scandale.
Mais, à cause de ce régime dérogatoire demandé par la France, ce n'est plus du tout le cas : nous retournons au nivellement vers le bas, au point d'inquiéter la Commission européenne puisque, il y a quatre jours, Klaus Berend, le chef de l'unité pesticides et biocides de la direction générale de la santé et de la sécurité alimentaire de la Commission, constatant la multiplication des autorisations d'urgence et se demandant si elles étaient justifiées, a annoncé que les mêmes mesures que l'an dernier pour la Lituanie et pour la Roumanie pourraient être prises, à savoir l'interdiction par la Commission de la reconduction de telles décisions d'urgence. Il a considéré comme vraiment problématique le nombre d'autorisations d'urgence pour les néonicotinoïdes, en particulier pour la betterave à sucre, reste très élevé.
Chers collègues, c'est un Européen convaincu qui vous le dit : nous étions ces dernières années en pointe, en la matière, pour tirer l'Europe vers le haut ; or nous sommes ici en train d'abdiquer.