Intervention de Hubert Wulfranc

Séance en hémicycle du mardi 6 octobre 2020 à 15h00
Mise sur le marché de certains produits phytopharmaceutiques — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHubert Wulfranc :

D'autres ont été placées en arrêt partiel d'activité et je vous répète, monsieur le ministre, que certaines unités de production ont été mises sous cloche.

Cette stratégie de libéralisation à tous crins a déjà produit ses effets sur le revenu et l'emploi des planteurs et des salariés de la filière. Des licenciements sont d'ores et déjà en marche. Et voilà qu'un aléa naturel intervient : la maladie de la jaunisse, transmise par le fameux puceron vert, est endémique et en lien avec les caractéristiques climatiques pendant la période de pousse des betteraves. Voilà qui suffirait à réintroduire temporairement l'usage des néonicotinoïdes, ce pesticide particulièrement dangereux, interdit en 2016 à l'échelle européenne ! Il est dangereux pour les insectes, pour les abeilles, pour la biodiversité et pour la santé humaine – même si, sur ces bancs, personne n'est capable de l'affirmer malgré l'état actuel des recherches, ce qui est scandaleux.

Il s'agit d'un recul grave, contraire au droit français de l'environnement et malheureusement permis par la réglementation européenne, qui comportait dès 2016 une possibilité de dérogation qu'ont utilisée onze pays européens – c'est inqualifiable ! Nous mesurons là à quel point il y a loin de la coupe aux lèvres s'agissant de la promotion d'une agriculture plus propre, d'autant plus que dès 2016, l'agro-industrie betteravière a pesé de tout son poids contre l'interdiction des néonicotinoïdes. Notons que parallèlement, la recherche de solutions alternatives n'a pas bénéficié d'engagements suffisants pour aboutir et parer aux maladies auxquelles la betterave est exposée.

Dans ces conditions, rejoindre le contingent des pays qui dérogent à l'interdiction constituerait la première marche vers un recul majeur. Une telle décision porterait de nouveau l'empreinte de toutes les tares liées à l'utilisation d'un tel pesticide, sans aucune certitude de pouvoir en sortir puisque le plan de recherche devant aboutir dans trois ans constitue déjà un tour de force, de l'aveu même des chercheurs.

Rejoignant les voix de plusieurs groupes, nous pensons quant à nous qu'il y a lieu de compenser les pertes de récolte en accordant un soutien financier aux planteurs – sous une forme que vous dites avoir examinée avant d'y renoncer quoi qu'il en coûte.

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