La crise sanitaire et économique que nous traversons a souligné – tout comme celle, il y a quelques mois, des gilets jaunes – le besoin impérieux de renforcer la proximité avec nos concitoyens. De votre côté, crise ou pas, vous continuez d'éloigner le citoyen de la conception de la loi et d'appliquer l'idéologie bruxelloise de l'harmonisation à tous crins et du développement du sacro-saint marché unique.
Je reconnais bien volontiers que plusieurs dispositions transposées dans ce texte concernant le droit des consommateurs vont plutôt dans le bon sens. Elles ont d'ailleurs, pour certaines, été votées au Parlement européen par les députés du groupe Identité et démocratie – je pense par exemple à la directive sur les contrats de vente de biens.
En revanche, je ne puis cautionner les directives qui, établissant des règles totalement harmonisées, comme le fait la directive sur les contenus numériques, privent les États de toute latitude pour ajuster ces règles communes à leur situation spécifique.
De même, lorsque les textes renforcent les pouvoirs de la Commission, comme c'est le cas de la directive sur les services de médias audiovisuels, je ne peux que m'inquiéter d'un nouveau grignotage de la souveraineté nationale par une instance qui ne devrait être, comme nous l'avions proposé lors de la campagne des élections européennes, qu'un simple secrétariat du Conseil européen.
Comme vous le savez, notre vision de la construction européenne repose sur la libre coopération des nations et la défense de leur pleine souveraineté. Je crois qu'en particulier dans le domaine économique et financier, ces principes devraient guider les décisions politiques, et je suis même convaincue qu'ils permettraient aux nations d'accroître leur prospérité et de lutter contre le chômage de masse.
Je ne peux pas éluder le règlement 2018302, également transposé dans ce texte et visant à contrer le blocage géographique injustifié et d'autres formes de discrimination fondées sur la nationalité, le lieu de résidence ou le lieu d'établissement des clients dans le marché intérieur. Les fameuses discriminations dont fait état le texte sont, je le sais, des notions sémantiques qui font bondir les européistes ! Nationalité et frontières : ces mots qui sont pour eux d'un usage quasi délictuel sont pour nous des guides, je dirai même la raison de notre engagement politique.
À l'heure où la crise de la mondialisation, révélée de façon criante par la crise sanitaire, souligne un besoin de localisme, l'Union européenne et votre gouvernement continuent inlassablement à décliner cette idéologie mondialiste, et ce n'est pas le 1 % de votre plan de relance dédié aux relocalisations qui va inverser cette tendance… Nous ne sortirons sûrement pas de cette crise, et, surtout, nous n'éviterons pas la prochaine, par un accroissement du libre-échange, mais bien par la mise en place d'une ambitieuse politique localiste. C'est bien par une révolution de la proximité que nous pourrons développer à nouveau nos territoires, permettre aux entreprises d'offrir des emplois à nos compatriotes là où ils habitent, et bien sûr préserver notre environnement.
Dans un monde où la mondialisation est un fait, le patriotisme économique et le localisme sont, eux, des choix politiques impliquant des frontières, des normes, des protections, bref, des régulations. C'est la voie à suivre pour redonner une prospérité économique à notre pays, et c'est, je le crois profondément, la voie pour bâtir la France d'après.