Il vise à demander au Gouvernement de remettre au Parlement, dans un délai de six mois à compter de la promulgation de la présente loi, un rapport – encore un, tout à fait – sur la question du traumatisme post-avortement constaté chez certaines femmes. En effet, les langues se délient, même si le phénomène n'est pas absolument nouveau, et certaines femmes osent parler d'un tabou : leur mal-être après avoir eu recours à un avortement. Ces interrogations, voire ces regrets, qui peuvent entraîner de graves souffrances chez la femme comme chez l'homme – même si elles ne sont évidemment pas de même nature – ne peuvent pas être ignorées par le Gouvernement et le Parlement.
Vous ne pouvez pas les balayer d'un revers de main. Vous l'avez dit ce matin : pour vous, ces souffrances n'existent pas. Mais acceptez d'entendre que certaines femmes le vivent moins bien que vous. Je me souviens, parce que cela m'a marquée, que lorsque des débats de même nature sur l'allongement du délai de recours à l'avortement se sont déroulés en Belgique, pas très loin de chez nous, une femme expliquait que vingt-six ans plus tard, elle pensait toujours à cet enfant qui n'avait pas pu voir le jour. On ne peut pas évacuer ces souffrances en disant qu'on a soi-même avorté, ou quelqu'un que l'on connaît, et que tout s'est très bien passé. C'est vrai pour certaines femmes, nous ne nions pas cette réalité, mais ne niez pas le revers de la médaille : certaines femmes vivent mal cet événement, au point parfois de connaître des situations dramatiques. Cessons s'il vous plaît l'aveuglement, cela ne règle rien. Prenons les problèmes à bras-le-corps, posons-les sur la table, pour trouver tous ensemble des solutions.