Monsieur le ministre, monsieur le rapporteur général, vous avez raison : les faits et les chiffres sont têtus, et il est tout de même un peu fort de café d'accuser La France insoumise des délocalisations qui surviennent depuis des années, sachant que c'est vous et les vôtres, surtout vous monsieur Le Maire, qui gouverniez le pays durant toutes ces années.
Vous dites que cette politique d'exonérations et de baisses d'impôts en tout genre servirait la compétitivité, donc l'emploi. Tout prouve le contraire. Avec le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi – CICE – , vous avez réussi à jeter chaque année 20 milliards d'euros par la fenêtre pour créer 90 000 emplois, au lieu du million promis par le MEDEF : ça fait 1 million d'euros l'emploi !
Vous prétendez soutenir les petites entreprises, c'est faux : 65 % de la réduction des impôts de production bénéficiera aux très grandes entreprises et aux ETI les plus importantes. Vous dites que vous soutenez les secteurs de la culture, du tourisme, de la restauration, c'est faux : vos mesures avantageront principalement les secteurs de l'électricité et du gaz, des industries extractives et de la finance. Vous dites, monsieur le rapporteur général, qu'il existe une corrélation entre le niveau des impôts de production et la compétitivité : le Forum économique mondial a démontré qu'il n'en existait aucune.
Ce qui est vrai, en revanche, c'est que la France a pris la tête de l'Europe en matière de baisse de ces impôts de production, mais aussi en matière de subventions à la production des entreprises. Cela, vous aviez oublié de le préciser. Ce qui est vrai, c'est les 45 milliards de baisses d'impôts accordées par votre gouvernement, et leur rapport avec les 78 milliards de baisse des dépenses publiques dont nous souffrons aujourd'hui. L'État est désorganisé, le service public de la santé dans un état si catastrophique qu'il vous amène à cette mesure stupéfiante qu'est le couvre-feu.
Ce qui est vrai, enfin, c'est que les délocalisations ne sont pas une question de compétitivité, comme vous essayez depuis des années de nous le faire croire. Ce sont des réformes structurelles initiées par l'Union européenne, qui prône un libre-échange total, sans droits de douane. C'est ainsi que Bridgestone, après avoir reçu des aides françaises pour ouvrir une usine en France, reçoit des aides européennes pour la fermer et aller ouvrir une autre usine en Pologne. Voilà le problème que nous avons : c'est un problème de protectionnisme solidaire, face au libre-échange. Il ne sera pas résolu par une course à l'échalote à la plus grande compétitivité, d'où moins d'impôts et un moins-disant social qui tourne à la catastrophe pour tout le monde.