Le ministre délégué juge que le débat sur les contreparties devrait intervenir plus tard dans l'examen du texte. Nous estimons au contraire que, dès lors qu'on accorde d'importantes ristournes d'impôt, il faut savoir à quoi elles correspondent, en quoi elles sont utiles et quel est le sens de ces gains, dont une large part profitera aux grandes entreprises. Vous invoquez le principe d'égalité devant l'impôt. Je maintiens que l'égalité que vous défendez est curieuse, puisque l'effort fourni par les petites entreprises est, en proportion, bien plus élevé que celui consenti par les grandes entreprises.
Surtout, vous assurez que les contreparties interviendront plus tard, à travers d'autres types de politiques publiques. Prenons un seul exemple : la mesure que vous proposez permettra aux grandes entreprises d'engranger jusqu'à 9 milliards d'euros. À l'inverse, vous injectez 7 milliards d'euros sur trois ans pour favoriser la rénovation thermique, quand chacun sait que, si l'on voulait sérieusement traiter cet enjeu majeur de la crise climatique et environnementale actuelle, il faudrait y consacrer 25 à 30 milliards d'euros par an pendant dix ans : 7 milliards d'euros, c'est une plaisanterie. Rendez-vous compte que vous consentez des efforts minimalistes, qui ne répondent en rien aux défis actuels, pas plus au plan environnemental qu'au plan social, et que vous faites dans le même temps des largesses extraordinaires aux grandes entreprises en continuant de leur injecter des sommes colossales – financées par l'argent public, donc par notre contribution à tous – , qui se perdent ensuite dans un néant absolu.
Quand il s'agit de contrôler ceux qui iront à Pôle emploi demain, vous n'avez pas la main leste pour voter des contreparties, des contraintes et des obligations de pointer et de prouver qu'ils cherchent bien un travail : il n'y a aucune difficulté à trouver, dans cet hémicycle, des mains qui se lèvent pour approuver de telles mesures !