« Je veux insister sur le fait que l'agriculture, comme l'industrie, est délocalisable et que, si nous n'y prenons pas garde, [… ] nous verrons les exploitations fermer. Ces exploitations ne rouvriront pas. [… ] Ce n'est pas donné que dans dix ans ou dans vingt ans, nous continuerons à produire des tomates, des pommes de terre, des fruits en France : [… ] tout cela, c'est un choix politique. » C'est Bruno Le Maire qui s'exprimait ainsi il y a dix ans, lorsqu'il était ministre de l'agriculture.
Il s'emportait alors contre la concurrence internationale en déclarant : « Est-ce qu'il est vraiment raisonnable d'avoir des pommes du Chili qui se déversent par milliers de tonnes en France et dans le reste de l'Europe alors que nous produisons des pommes près de chez nous ? Est-ce qu'il ne serait pas plus intelligent de mettre sur pied des circuits courts ? Je donne juste un chiffre : aujourd'hui, chaque produit agricole dans le monde parcourt en moyenne 2 500 kilomètres. Est-ce que c'est vraiment raisonnable ? » Il en venait même à tempêter contre le méchant marché, en constatant : « On est allé beaucoup trop loin dans la libéralisation de ce marché-là. [… ] En Europe, nous sommes les champions d'un libre-échange sans règles, sans contrôles, qui à mon sens est allé beaucoup trop loin et qui mérite d'être revisité. »
Pourtant, que faites-vous contre ce libre-échange sans règles et sans contrôles ? Vous le poussez toujours plus loin, en signant un traité comme le CETA, l'accord économique et commercial global avec le Canada, dont les experts, qui travaillaient pourtant pour votre gouvernement, ont reconnu que le climat était le grand absent ! Ce traité a réintroduit quarante-six molécules, dont l'atrazine, à laquelle Mme Pompili, désormais ministre de la transition écologique, était défavorable. Quel intérêt avons-nous à importer du boeuf alors que nous sommes producteurs et même exportateurs ? Nous proposons de réguler ce marché par des taxes.