Je me trouvais à Saint-Florent-sur-Cher, devant l'usine de Comatelec Schréder, le numéro un du luminaire en France, dont l'activité sera prochainement interrompue, entraînant la suppression de 101 postes. Pourquoi ? D'après les salariés, la production a été délocalisée en Espagne, au Portugal et en Ukraine, au nom de la compétitivité, alors même que le site a réalisé 10 millions d'euros de bénéfices sur 90 millions d'euros de chiffre d'affaires. Face à cela, que fait Bercy ? Les salariés assurent que, lorsque leur patron y a été reçu, le seul conseil qui lui a été donné fut : « Ne faites pas de bruit avant les élections. »
Non loin de là se trouve l'usine qui fabrique les fours Rosières, à Lunery. Sa production est délocalisée en Turquie. Chacun se souvient de l'usine Luxfer, à Gerzat, qui fabriquait des bonbonnes à oxygène. Ses salariés se sont entendu répondre par Bercy : « Qu'est-ce que vous voulez ? Un actionnaire, c'est comme un enfant : quand il a décidé de casser son jouet, on ne peut pas l'en empêcher. »
En l'occurrence, l'État aurait pourtant une responsabilité supplémentaire : dès lors que Comatelec Schréder produit du luminaire de ville dit intelligent, acheté par les collectivités, nous pourrions décider d'interdire à ces dernières de passer des commandes publiques auprès d'une entreprise dont la production sera prochainement délocalisée en Espagne.