mais son témoignage marquait son inquiétude. Il m'indiquait avoir un ami employé par une société spécialisée dans le rachat de locaux. Selon lui, elle est actuellement contactée par une multitude de chaînes qui lui demandent de surpayer les points achetés et n'a jamais reçu autant d'appels. Ces sociétés savent que les indépendants sont sur le point de crever : elles se tiennent donc à l'affût et se préparent à rafler la mise le moment venu. « Quelle tête aura la ville demain ? », me demandait-il, ajoutant : « Il va y avoir un changement de physionomie. »
On le sait, nos centres-villes ont subi une première lame de fond avec le déménagement vers les périphéries. Puis il y a eu une deuxième lame avec l'arrivée du e-commerce, des drive et j'en passe. Les deux mois de confinement et la situation actuelle pourraient marquer le triomphe et l'avènement du e-commerce, avec d'un côté l'habitude prise de commander en ligne et de l'autre une hécatombe chez les petits commerçants.
Dans un tel contexte, nous ne devons pas laisser la main invisible du marché décider du sort de nos commerces, de nos centres-villes, de nos vies. Ce n'est pas une fatalité. Le politique peut et doit agir, comme régulateur. Plutôt que de laisser les entrepôts d'Amazon bénéficier des dizaines d'hectares des meilleures terres agricoles, plutôt que de construire pour ces centres logistiques des ronds-points qui coûtent des millions, il faut faire le choix politique d'aider le petit commerce en le privilégiant par rapport au e-commerce. C'est ce que nous proposons avec cette taxe.