C'est dans ce même état d'esprit d'attention à la vie quotidienne, qui ne doit pas disparaître derrière la crise actuelle, que nous poursuivons notre engagement vers une médecine de proximité, au service de nos concitoyens. Ce PLFSS prévoit ainsi de soutenir le développement des hôtels hospitaliers – vous savez que c'est un sujet qui me tient à coeur. Cela permettra de proposer aux patients et à leurs proches une offre de logement adaptée, quand la personne n'a pas besoin de dormir à l'hôpital mais seulement de s'en rapprocher, pour des raisons de sécurité, alors qu'elle habite loin. Éviter l'hôpital, quand on peut être hébergé dans d'autres conditions, c'est un gain pour la qualité de vie des patients mais aussi pour l'assurance maladie.
Nous vous proposons, comme cela a été souhaité par plusieurs parlementaires sur ces bancs l'année dernière, de pérenniser le modèle des maisons de naissance ; nous tirerons ainsi les conséquences d'une expérimentation réussie, avec une extension de l'offre au regard des besoins locaux. Nous allons passer de huit à vingt maisons de naissance sur l'ensemble du territoire national.
Au chapitre des grands défis qui se présentent à notre système de sécurité sociale, je ne peux pas ne pas évoquer la création d'une cinquième branche, parce que nous faisons face à un mur démographique auquel il faut se préparer, et parce que nous nous devons collectivement de soutenir mieux et de façon plus équitable sur le territoire nos concitoyens en perte d'autonomie – quelles qu'en soient les raisons, l'âge ou le handicap.
La crise sanitaire et le confinement ont notamment révélé les lacunes de notre système d'accompagnement des personnes âgées, en confirmant la nécessité de repenser le maintien à domicile autant que l'accueil dans les EHPAD. Le grand âge et l'autonomie ont déjà trop attendu ; il faut construire dès aujourd'hui. Brigitte Bourguignon vous proposera ainsi, par amendement, de financer dès avril 2021 une aide de la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie – CNSA – aux départements pour soutenir l'attractivité des métiers du domicile, dont on sait le rôle majeur auprès des personnes âgées et handicapées.
Cette enveloppe pérenne de 150 millions d'euros sera portée à 200 millions à partir de 2022. C'est un pas décisif vers une étape plus ambitieuse encore, qui viendra avec la loi sur l'autonomie.
Enfin, le Gouvernement s'est engagé depuis bientôt deux ans dans une approche radicalement nouvelle de la petite enfance et de l'aide à la parentalité. L'extension à vingt-huit jours du congé paternité, portée avec ardeur par Adrien Taquet, doit aussi permettre aux parents de mieux accueillir l'enfant – et nous savons combien les premiers jours et les premières semaines sont cruciaux. Cette extension permet à la France d'occuper une position médiane dans le classement européen en la matière ; vingt-huit jours, pour qui a vécu ce bouleversement qu'est l'arrivée d'un enfant, constituent une durée à la fois nécessaire et équilibrée.
Pour qu'il soit bien accessible à tous les salariés, indépendamment de la durée ou du statut de leur contrat de travail, nous proposons de rendre sept jours de ce congé obligatoires. L'obligation est en réalité une protection : pendant cette durée, l'employeur aura interdiction d'employer son salarié.
Nous vous proposons également, par amendement, de porter de dix à seize semaines le congé d'adoption, afin de laisser plus de temps aux parents adoptants pour tisser un lien durable avec leur enfant.
Enfin, nous serons favorables à l'avancement du versement de la prime de naissance, afin de mieux accompagner financièrement l'accueil de l'enfant à naître. Je sais que cette mesure était proposée sur tous les bancs ; je suis heureux de l'accompagner aujourd'hui au nom du Gouvernement.
Mesdames et messieurs les députés, vous l'avez vu, c'est un PLFSS exceptionnel ; un PLFSS d'engagement, de combat. Il rappelle à tous ceux qui en doutaient que l'État est là, et bien là. Nous célébrons cette année les 75 ans de la sécurité sociale : dans une société trop souvent divisée, parfois inquiète, dominée par la peur de l'avenir, notre protection sociale est un repère solide derrière lequel tous les Français, sans exception, peuvent se rassembler.
Les défis sont nombreux ; ils ne sont pas insurmontables. Parmi eux, le ministre des solidarités n'oublie pas le défi que constitue une société qui donne parfois l'impression de se fragmenter. « Inventer la fraternité anonyme, voilà le rêve laïque », écrivait Bernard Maris en septembre 2013 dans un numéro spécial de Charlie Hebdo consacré à la laïcité. Alors oui, contre les haines, contre les divisions, contre le communautarisme, contre le repli sur soi, notre protection sociale est une arme puissante. Ce n'est pas la seule, évidemment, mais c'en est une, parce qu'elle nous rassemble.
Le projet de loi de financement de la sécurité sociale fait vivre cette protection sociale en lui donnant de la force et des ambitions. Il donne sa pleine consistance à ce beau rêve laïque de fraternité anonyme.