La volonté de donner les pleins pouvoirs à l'exécutif et de lui permettre d'agir sans entraves m'apparaît comme une facilité, qui ne procurera d'ailleurs pas plus d'efficacité – j'en suis persuadé.
Pour toutes ces raisons, qui ne tiennent donc pas à l'appréciation de la crise mais à un désaccord profond sur la façon de faire et au caractère démocratique de la prise de décision, nous ne voterons pas ce texte.
Je conclurai par une remarque. Notre pays a vécu la moitié des cinq dernières années sous un régime d'état d'urgence, d'abord en réaction au terrorisme puis à la crise sanitaire. Dans une période historique où tout le monde s'accorde à reconnaître que nous entrons dans un monde tumultueux, avec de nombreuses crises climatiques, sociales, terroristes, épidémiques – certains estiment que ce n'est ni la première ni la dernière – , et ce monde est un véritable test pour les États de droit et les démocraties. Sommes-nous capables d'affronter ces grands enjeux et ces nombreuses crises auxquelles nous aurons à faire face en maintenant l'État de droit et la démocratie et en ne cédant rien sur nos grands principes ? Ou allons-nous céder sur tout cela par facilité ? Au fond, c'est une question civilisationnelle qui nous est posée.