Cette dernière question n'est peut-être pas la moindre, car elle est récurrente dans notre groupe : qui va payer la dette ?
Vous le savez très bien, monsieur le ministre délégué, quand on a été élu socialiste en 2017, c'est qu'on était bien enraciné dans son territoire. Dans ces endroits, la question de savoir qui paiera la dette revient très souvent, puisque désormais l'argent arrive – peut-être trop tardivement et de façon encore insuffisante, mais il coule à flots.
Quand nous vous posons la question, vous nous répondez par un dogme, celui du refus de toute hausse d'impôt. Or si l'on se prive de ce moyen, il n'en reste plus que deux, aussi dangereux l'un que l'autre, pour rembourser la dette.
Le premier serait de réduire les dépenses publiques au-delà des politiques déjà engagées en ce sens. Nous savons que les conséquences en seraient payées argent comptant par les classes moyennes et populaires, pénalisées par la dégradation des biens et des services publics dont la crise a pourtant révélé la fonction vitale.
Le second serait de rechercher une croissance à tout prix, au mépris du contrat social et avec comme résultat le creusement d'une dette écologique déjà abyssale. Une reprise économique irresponsable nous conduirait inéluctablement à la reproduction de désordres écologiques et sociaux dont nous faisons déjà la tragique expérience.
À éluder la question de l'impôt éthique et responsable, qui ne touche ni l'emploi, ni la capacité entrepreneuriale, ni l'économie réelle, nous nous éloignons de l'esprit du green deal européen et, surtout, du projet de Franklin Roosevelt. Il nous faut réparer et refonder, tel est l'esprit d'une dynamique de relance, en retrouvant l'idée du new deal de Roosevelt. « Gouverner [… ] », disait-il, « c'est maintenir les balances de la justice égales pour tous. » Peut-il y avoir une relance authentique sans cette justice ?