Ce plan de relance, il faudrait en faire un plan d'espérance. Qui voudrait relancer une machine infernale qui en trente ans, soit une génération, a détruit un tiers des oiseaux, la moitié des vertébrés et 80 % des insectes ? Qui voudrait relancer cette destruction du vivant ? Qui voudrait relancer ce monstre qui nous conduit à l'abîme, rase et brûle les forêts, fait fondre la banquise, réchauffe l'atmosphère et fait de la Terre un enfer ? Qui voudrait relancer ça ? Des fous, des suicidaires, mais pas vous, pas nous. La relance, vous n'en voulez plus, pas comme ça. Nous voulons faire de cette relance un temps d'émergence du désirable, un temps où, s'appuyant sur une épreuve, nous faisons ressortir les besoins. Tous ces amendements concernent les auxiliaires de vie sociale, qui répondent à certains de ces besoins.
Franklin Roosevelt avait lancé un « New Deal », fait de grands travaux – des barrages, des routes – , auxquels on attribue bien souvent aujourd'hui le qualificatif d'inutile. Notre « New Deal » doit être fait de petits travaux, qui concernent l'invisible. Les auxiliaires de vie touchent à l'invisible, au lien, au soin. Cette profession est très précaire, travaillant sur une amplitude horaire maximale. Les auxiliaires de vie sociale commencent vers 8 heures, ouvrent des volets, servent le petit-déjeuner – en une demi-heure, elles sont un peu pressées. Par temps de covid-19, l'État leur dit d'aller un peu plus vite encore, parce qu'il y a plus de bénéficiaires et moins d'auxiliaires. Elles ont une pause en milieu de journée et travaillent ensuite jusqu'à 20 heures. Elles n'ont pas de statut, ou un statut très fragile. C'est la profession qui connaît le plus d'accidents du travail – plus que la maçonnerie et plus que le secteur du bâtiment !