Intervention de Pierre-Yves Bournazel

Séance en hémicycle du mercredi 28 octobre 2020 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2021 — Enseignement scolaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre-Yves Bournazel :

L'examen des crédits de la mission « Enseignement scolaire » s'effectue dans un contexte particulier qui interroge les fondements de l'école en tant qu'institution. Je tiens donc à en rappeler plusieurs principes, sur lesquels nous devons nous retrouver, qui sont le socle de l'engagement des femmes et des hommes qui font vivre notre école républicaine.

Il y a une transcendance laïque dans la République, et elle se réalise à l'école, cette institution qui élève, qui permet de dépasser sa condition sociale pour parvenir à sa vocation de femme ou d'homme, de trouver sa place dans la société et de donner un sens à son existence en tant qu'individu. C'est avec cette promesse des Lumières que nous devons renouer. Il s'agit d'un défi complexe, qui sera long, qui ne s'inscrit pas dans le temps des élections mais qui demande l'unité de la nation derrière un projet hérité de plusieurs générations. C'est cet effort sur nous-mêmes que nous devons à Samuel Paty. Ce professeur a été assassiné parce qu'il enseignait la liberté. La barbarie de l'islamisme a frappé un enseignant. L'assassin s'en est pris au coeur de la République, à ce lieu de l'égalité des chances et de l'émancipation de l'individu, à cet endroit merveilleux de la connaissance où l'on forme des esprits libres et où l'on apprend à devenir citoyen. Pour toutes celles et tous ceux qui croient en la beauté et en la force du projet républicain, l'école est le lieu de la liberté, de l'égalité, de la fraternité et de la laïcité où le professeur doit être respecté. Ce choc appelle à un véritable réveil républicain, pas seulement à une nouvelle indignation mais à une mobilisation résolue afin de réparer les failles que chaque petit renoncement de ces trente dernières années a contribué à creuser.

Le groupe Agir ensemble soutient pleinement l'action du Gouvernement pour lutter contre l'islamisme radical. C'était déjà l'objet de la loi Gatel visant à simplifier et mieux encadrer le régime d'ouverture et de contrôle des établissements privés hors contrat, et de plusieurs dispositions de la loi pour une école de la confiance. Cette action essentielle se prolongera lors de l'examen du projet de loi renforçant la laïcité et les principes républicains, auquel notre groupe prendra évidemment toute sa part.

C'est dans ce contexte difficile et douloureux que l'examen des crédits de la mission « Enseignement scolaire » revêt une importance toute particulière. Le groupe Agir ensemble salue la hausse de ces crédits, qui atteignent 53,6 milliards d'euros en 2021. Premier budget de l'État, cette mission poursuit plusieurs priorités fondamentales.

La priorité est d'abord donnée au premier degré car c'est l'âge où tout se joue : en 2021, il y aura 2 000 emplois supplémentaires, et le processus de dédoublement des classes dans les réseaux d'éducation prioritaire se poursuivra. Comme élu du 18e arrondissement de Paris, particulièrement concerné, je peux témoigner de la réussite de cette politique.

Autre priorité : la poursuite de la mise en oeuvre de l'école inclusive, avec notamment 4 000 emplois supplémentaires d'accompagnants d'élèves en situation de handicap.

Cette mission prévoit également, et c'est essentiel pour nous, une revalorisation spécifique du métier d'enseignant à partir de plusieurs leviers : des moyens nouveaux, à hauteur de 400 millions d'euros, en direction particulièrement des enseignants en début de carrière et des directeurs d'école ; la poursuite de l'effort de revalorisation salariale entamé depuis le début du quinquennat par une prime de 1 000 euros nets versée aux enseignants travaillant en zone d'éducation prioritaire renforcée ; enfin, la mise en oeuvre du dernier volet du protocole « parcours professionnels, carrières et rémunérations », soit près de 36 millions d'euros supplémentaires en 2021.

La revalorisation du métier d'enseignant est une absolue nécessité, le gage de la reconnaissance et de l'importance que notre société accorde à la mission de ceux qui l'exercent. Nous devons nous rassembler derrière nos professeurs. Et c'est tout l'objet du Grenelle de l'éducation, engagé par votre ministère et qui associe contributions des personnels, des parents d'élèves, des syndicats et de la société civile. Cette méthode ouverte permet d'aborder avec confiance l'évolution profonde du système éducatif et des métiers des personnels de l'éducation nationale. Elle sera mise en oeuvre début 2021.

Monsieur le ministre, je vous l'ai dit en commission : nous savons combien l'école de la République est l'engagement de votre vie, combien vous êtes attaché à la philosophie des Lumières, et connaissons votre détermination à réussir. Nous avons confiance en vous. Il s'agit d'un défi collectif qui doit tous nous rassembler, dans chaque commune de France. En tout cas, nous sommes à vos côtés et résolus à mener avec vous ce combat pour la République et pour l'école. Notre groupe soutient pleinement l'adoption des crédits de la mission « Enseignement scolaire » pour 2021. Vous pouvez compter sur nous car vous avez notre confiance.

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