Voilà le témoignage d'Assia, accompagnante d'enfants en situation de handicap à Amiens. Elle s'est autoformée, elle a suivi des « dys » en tous genres, et après quatre ans, dont deux comme AVS – auxiliaire de vie scolaire – et deux ans comme AESH, elle a de nouveau été enceinte et est redevenue maman. Son contrat n'a pas été renouvelé. Il faut maintenant qu'elle postule à nouveau et qu'elle reparte à zéro, d'où un immense sentiment de découragement. Sa collègue Hayat, elle, a fait deux ans de contrat unique d'insertion et quatre ans d'AESH, mais n'a toujours pas de CDI – d'où, là encore, du découragement. « J'irai au bout de ce contrat, mais après, j'arrêterai », m'a-t-elle confié.
Je ne comprends pas qu'on demande à ces personnes de vivre six ans au minimum – deux fois trois ans – en situation de précarité, dans l'espoir d'accéder à un hypothétique CDI. Ces professions sont déjà mal payées. Imposer un parcours du combattant pour y rester est contreproductif : c'est contreproductif pour ces femmes, qui ne peuvent pas s'installer dans la vie ; c'est contreproductif pour les enfants ; c'est même contreproductif pour l'éducation nationale, puisque ces personnes se sont autoformées, aiment leur métier, mais sont découragées. Aux côtés de mon collègue Bruno Bonnell, avec qui j'ai rédigé un rapport d'information sur les métiers du lien, je demande une titularisation beaucoup plus massive et rapide des AESH et leur recrutement en CDI.