« Savez-vous, monsieur le député, que le ministère a réduit de moitié les fonds sociaux destinés aux collèges ? » C'est par ces mots que l'assistante sociale du collège Arthur-Rimbaud d'Amiens-Nord, où mon fils est scolarisé, m'a interpellé. Elle m'a expliqué à quoi cet argent servait : il permet de remplir le cartable des élèves, de les vêtir chaudement en hiver ou de leur fournir des tenues de sport, voire de leur faire passer des examens pour diagnostiquer des pathologies nécessitant qu'ils soient accompagnés pour passer le brevet, comme la dysgraphie, de leur payer la cantine, et ainsi de suite.
Les crédits n'étaient pas consommés. Pourquoi ? Parce que la Somme compte vingt-six assistants sociaux pour quatre-vingts établissements. De ce fait, les familles pauvres ne savent même pas que ces fonds existent et n'ont pas d'interlocuteur pour les réclamer. Dans le collège de mon fils, un voyage en Écosse, qui devait coûter 300 euros, était prévu au printemps. Pour moi, cette dépense ne pose pas de difficulté, mais, m'expliquait l'assistante sociale, « pour des familles précaires, c'est énorme. » Je lui ai donc demandé si tous les enfants pourraient partir, et elle m'a répondu : « Non, pas du tout. Par exemple, je recevais l'autre jour une maman qui a trois enfants, tous les trois au collège. Parce que les fonds sont limités, il a fallu choisir qui partira et lui ne partira pas. C'est inadmissible : avec la baisse des fonds sociaux, c'est sur les enfants qu'on tape. » Le covid-19 a finalement mis tout le monde à égalité puisque personne n'est parti…
Il n'en reste pas moins que, malgré la crise sociale actuelle, vous ne revenez même pas au budget prévu dans le PLF pour 2019, puisque vous prévoyez un montant de 51 millions d'euros, contre 59 millions auparavant.