AESH et enseignants : collaborer dans une école inclusive, Autisme et scolarité : des outils pour comprendre et agir, La Famille Tout-Écran, ou encore Dis-nous, Latifa, c'est quoi la tolérance ? Ces livres aidaient les enseignants à traiter du handicap à l'école, de la radicalité religieuse ou de la laïcité ; ils participaient à leur formation initiale et continue.
J'en parle au passé car votre ministère a décidé d'abandonner le réseau Canopé, en particulier toute publication, ce qui, dans la novlangue ministérielle se traduit par l'explication suivante : « Ce recentrage s'accompagne d'une modification du périmètre des missions et notamment de l'abandon progressif de l'édition papier. » Mais où va-t-on si l'éducation nationale elle-même délaisse le livre, si, se recentrant sur le numérique, elle rejoint à son tour la famille Tout-Écran ? Car ces ouvrages de niche, destinés non au grand public mais aux seuls professeurs, fatalement non rentables car vendus à 1 000 ou 2 000 exemplaires au maximum, n'intéresseront jamais les maisons Hachette, Hatier et consorts.
Au-delà de l'édition, c'est tout le réseau Canopé qui risque d'y passer : les vidéos, les jeux et les ateliers. Ses 1 531 salariés l'ont appris le 19 décembre dernier par un courriel de leur directeur général, Jean-Marie Panazol, dans lequel il regrettait cette décision, comprenant « les inquiétudes personnelles et le sentiment d'inachevé que certaines personnes [pouvaient] ressentir ». Le 9 janvier, il annonçait sa démission.
Pourtant, d'après la Cour des comptes – dont les conclusions sont pourtant parfois sévères – , « Canopé est un acteur clé du service public numérique éducatif » et « a retrouvé son public qui reconnaît l'utilité de ses productions ». Le Sénat évoque, en novembre 2019, « un opérateur qu'il importe de pérenniser » et appelle à ne pas « remettre en cause les moyens accordés au réseau Canopé », jugeant que, « au contraire il semble préférable de renforcer cet opérateur pivot ». Au-delà de la crise du covid-19, pouvez-vous vous engager, monsieur le ministre, à maintenir le réseau Canopé et ses moyens dans la durée ?