Je forme le voeu que l'esprit de fraternité qui a germé au printemps nous aide à traverser ensemble cet automne reconfiné.
Notre responsabilité collective est de garantir la continuité de nos institutions dans un moment où nous restreignons les libertés individuelles comme nous l'avons rarement fait dans l'histoire. Au moment où la nation est frappée en plein coeur par le terrorisme islamiste, nous ne saurions nous y habituer car nous chérissons la liberté, en France plus que partout ailleurs. La situation exige que le pouvoir soit partagé, car sinon il sera confisqué par les réseaux sociaux et les complotistes en tout genre qui sapent la confiance et fragilisent la démocratie.
Cela suppose, je l'ai dit, que le Parlement, et à travers lui le peuple français, soient associés aux décisions que prendra le Gouvernement. Cela suppose aussi que les Français n'aient pas à choisir entre leur santé et l'exercice de leurs droits civiques. Le moment n'est-il pas venu de nous doter d'un système de vote pleinement opérationnel en temps de crise ? En moins d'une semaine, 70 millions d'Américains ont voté par correspondance. Après l'abstention record constatée lors des précédents scrutins, nous devons réagir. Depuis la toute première heure, les démocrates défendent l'idée qu'il n'y a pas de démocratie sans que la conscience et la responsabilité soient poussées à leur maximum ; nous continuerons de défendre cette idée.
Notre responsabilité est enfin de ne pas nous décourager et de ne pas renoncer à préparer le jour d'après. Invitant l'Europe à Refaire la Renaissance, Emmanuel Mounier écrivait : « Il ne faut guère compter sur les époques satisfaites, et les crises seules rappellent la plupart à la méditation. »