J'en viens au débat qui nous occupe ce matin. J'ai une pensée pour celles et ceux qui, dès demain, seront de nouveau confrontés à l'isolement et à la solitude ou devront, au contraire, faire face au confinement dans un logement surpeuplé ou insalubre.
Je pense aussi, bien sûr, au personnel soignant, qui s'engage de nouveau dans une bataille contre le temps, à corps perdu, malgré l'épuisement et le manque de moyens.
Je pense à toutes celles et à tous ceux qui vont continuer d'aller travailler : enseignants, agriculteurs, postiers, caissiers, soignants, aides à domicile – je ne peux les citer tous. Ils vont continuer à prendre des risques pour que le pays tienne, qu'il continue tout simplement à vivre. Je pense également à toutes celles et à tous ceux que la crise sanitaire plonge ou replonge dans une situation de fragilité économique et sociale.
Je pense enfin à toutes celles et à tous ceux qui sont affectés, à des degrés de gravité divers, par cette terrible maladie, face à laquelle nous devons tous, collectivement, mobiliser nos forces.
Le débat que nous avons ce matin est celui que Patrick Kanner et moi-même avions demandé, au nom du groupe Socialiste, écologiste et républicain du Sénat et du groupe Socialistes et apparentés de l'Assemblée nationale, le 10 septembre dernier – il y a près de deux mois – et, de nouveau, le 15 octobre. Le Premier ministre nous avait répondu qu'il ne voyait pas « l'intérêt » d'un tel débat, qu'il ne le considérait pas comme « indispensable ».
Or tout ce qui touche à la protection de nos concitoyens, à leur sécurité sanitaire, à leurs libertés, à leur situation économique et sociale face aux contraintes qui leur sont imposées relève, ne vous en déplaise, du débat indispensable. Cela impose que le Gouvernement prenne ses responsabilités devant la représentation nationale, à l'Assemblée nationale et au Sénat.
Vous prenez donc aujourd'hui vos responsabilités ; nous prenons les nôtres : nous approuverons votre déclaration, par laquelle vous confirmez la mise en oeuvre du reconfinement annoncé hier soir par le Président de la République – sans toutefois en préciser le détail, que vous avez préféré réserver pour ce soir aux médias, si toutefois la conférence de presse prévue n'est pas décalée.
Nous exprimerons un oui de responsabilité, car, de notre point de vue, la protection de la santé de nos concitoyens doit être la priorité absolue. Nous ne pouvons que constater, comme vous, que le reconfinement est devenu inévitable. Cet esprit de responsabilité anime chacune et chacun des députés du groupe Socialistes et apparentés.
Depuis mars 2020, mus par cet esprit de responsabilité, nous vous avons alertés sur les dysfonctionnements ; nous vous avons suggéré des pistes d'amélioration ; nous avons adressé des propositions au Gouvernement, au travers d'une centaine de lettres, de sept propositions de loi déposées au cours du premier confinement, de nombreux amendements, d'une proposition de résolution visant à fixer les conditions pour réussir le déconfinement et d'un plan de rebond présenté dès le 8 juin. Or toutes ces propositions ont été balayées d'un revers de main bien éloigné de l'esprit d'unité nationale que le Président de la République avait appelé de ses voeux, le 12 mars dernier.
Cependant, mesdames et messieurs les membres du Gouvernement, chers collègues de la majorité, notre oui sera aussi un oui de colère – je dis bien de colère – face à votre impréparation. Le 26 août, il y a deux mois, le Premier ministre a déclaré sur France Inter : « Il n'y a pas de quoi s'affoler. » Sans doute ne vous êtes-vous pas assez affolés !