Intervention de Sébastien Jumel

Séance en hémicycle du jeudi 29 octobre 2020 à 9h15
Déclaration du gouvernement relative à l'évolution de la situation sanitaire et aux mesures nécessaires pour y répondre suivie d'un débat et d'un vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSébastien Jumel :

La vérité, c'est qu'alors que les Français s'attendent à cette mesure depuis quinze jours, vous jouez le coup de théâtre. Cela aussi nous est insupportable. Personne ne nie l'évolution de l'épidémie, les scientifiques l'avaient annoncée. Vous nous avez infantilisés, vous avez infantilisé la démocratie, alors que l'enjeu primordial était de fédérer, de susciter l'adhésion.

Vous voudriez que le Parlement, en choeur, vous donne acte. Mais c'est déjà trop tard ! Le Président de la République a déjà décidé, alors que faisons-nous ici ? Les institutions sont bouleversées. Entre une économie capitaliste, déjà malade, et l'urgence sanitaire, il n'y a pas à choisir.

Votre stratégie est perdante à coup sûr, parce qu'elle conduit, selon l'analyse de Romaric Godin, au pire des deux mondes : un désastre économique – 1 million de pauvres supplémentaires, la précarité qui s'installe – , et un désastre sanitaire, qui se poursuit.

Les agriculteurs, les pêcheurs et les premiers de corvée du quotidien ont répondu présents, mais vous les avez abandonnés, ignorés, humiliés, quand ils ne sont pas licenciés, comme les caissières de supermarché.

Monsieur le Premier ministre, nous croyons en l'État qui protège, en l'État qui prend soin, en l'État fort qui mobilise ses forces vives. C'est pour cela que nous assumons notre rôle avec responsabilité. L'utilité nationale ne se décrète pas, le contrat social n'est fort que lorsqu'il remplit les conditions démocratiques et sociales qui permettent de protéger les plus fragiles d'entre nous.

Au bout du compte, cette situation, c'est votre échec. Vous proposez le confinement pour nos aînés, les malades les fragiles, les chômeurs et tous ceux qui sont assignés au quotidien à la maison ; pour les autres, c'est couvre-feu étendu : auto, métro, boulot, maison.

L'enjeu de ce matin n'est pas le vote : avec votre majorité, vous avez déjà pris la décision. Il est de notre responsabilité de protéger l'hôpital. On ne joue pas avec la vie, ni avec les soignants, ni avec les Français, et nous respecterons les nouvelles mesures sanitaires.

Mais on doit pouvoir fêter Noël sans croire en Emmanuel Macron. Et notre groupe est unanime à dire que l'important, c'est qu'en démocratie, que cela vous plaise ou non, ce que nous pensons, nous vous le disons. L'enjeu, pour aujourd'hui et pour demain, reste bien d'offrir à notre pays déprimé un nouvel horizon.

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