En cet instant où, précisément, la démocratie s'exprime dans cet hémicycle, je pense à la grande émotion qui nous a tous unis, ici même, quand nous avons eu la joie de retrouver nos collègues Jean-Luc Reitzer et Raphaël Gérard, après qu'ils eurent mené pendant des mois une lutte acharnée contre ce virus, qui a malheureusement emporté notre collègue Claude Goasguen, dont je salue la mémoire aujourd'hui. Nombre de Français, comme nous, ont des collègues, des amis, des membres de leur famille malades ou décédés, tant cette terrible maladie s'est immiscée partout dans notre pays. C'est à eux que je pense aujourd'hui.
Le virus n'a pas changé. C'est le même virus. Il tue – y compris des jeunes – , il opprime la respiration, il écrase de fatigue et de fièvre, il enlève le goût et l'odorat, il laisse des séquelles dont nous ignorons encore toutes les conséquences. Nous sommes face à un monstre, un monstre silencieux qui laisse derrière lui, au-delà des statistiques quotidiennes, au-delà des chiffres, la souffrance et le deuil.
C'est pour cela que notre première responsabilité est de protéger par nos décisions chacun de nos concitoyens, parce que chaque personne qui part en réanimation, c'est une personne de trop, c'est une souffrance de trop et c'est parfois un mort de trop ; parce que, avant même de parler des capacités de nos hôpitaux, il faut dire et redire cette vérité : si nous avions 50 000 places de réanimation, il ne faudrait pas accepter d'envoyer 50 000 de nos concitoyens en réanimation !