Intervention de Anne-Laure Cattelot

Séance en hémicycle du vendredi 30 octobre 2020 à 9h00
Projet de loi de finances pour 2021 — Mission agriculture alimentation forêt et affaires rurales (état b)

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnne-Laure Cattelot, rapporteure spéciale de la commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire :

Il vise à augmenter les crédits liés à la forêt à hauteur de 300 millions d'euros. J'ai eu la chance de travailler sur une mission transversale qui m'a été confiée par le Premier ministre, et dont les conclusions vous ont été remises, monsieur le ministre, ainsi qu'à votre collègue Bérangère Abba, secrétaire d'État chargée de la biodiversité, le 17 septembre dernier. Ce rapport avait pour objet de formuler des recommandations claires et formelles afin d'adapter nos forêts et la filière bois au changement climatique.

Si je vous propose cet augmentation, c'est parce que, même en étant pessimistes, nous n'avons jusqu'ici réussi qu'à consolider les moyens nécessaires à l'adaptation des surfaces forestières destinée simplement à assurer le maintien de notre capital forestier.

Le problème des scolytes a ainsi été évoqué par notre collègue Meyer – je sais que la région Grand-Est est particulièrement touchée. Si l'on se réfère à des prévisions assez optimistes, il faudra traiter 140 000 hectares d'épicéas scolytés d'ici à 2050. Cela vous donne une petite idée de l'immensité de notre tâche pour préserver un patrimoine forestier qui, ne l'oublions pas, couvre 30 % du territoire national. Chacun de nous habite à moins de quarante kilomètres d'une forêt, même s'il vit dans un territoire totalement urbain.

Au cours d'une première phase de notre travail, nous avons essayé de quantifier la reconstitution de peuplements sinistrés à laquelle il faudra procéder concernant les frênes chalarosés, qui risquent de disparaître à près de 100 %, les épicéas dont je viens de parler et les châtaigniers en milieu océanique. Celle-ci représente 360 000 hectares, soit rien moins que 45 000 fois le Stade de France, ce qui vous permet d'imaginer un peu à quoi cette opération correspond du point de vue territorial. Pour parvenir à ce seul objectif d'ici à 2050, 1,8 milliard d'euros sont nécessaires.

Parallèlement, il est proposé de développer la plantation dans les peuplements vulnérables. Nous avons vu, depuis trois ans, notamment dans le Grand Est et dans les Hauts-de-France qui ont été particulièrement touchés par la sécheresse, avec des records historiques de température, que prolifèrent des bio-agresseurs faisant courir aux arbres des risques sanitaires. Pour y remédier, il faudrait, sur trente ans, remplacer, replanter l'équivalent de 650 000 hectares d'arbres pour un coût total estimé à 3,2 milliards d'euros.

Par ailleurs, pour maintenir quantitativement le capital forestier, il faudrait prévoir, là aussi sur trente ans, des boisements de terres devenues aujourd'hui des friches agricoles ou même industrielles à hauteur de 750 000 hectares.

Le total de ces opérations s'élèverait à 8,8 milliards d'euros, soit 300 millions d'euros par an pendant trente ans. L'amendement propose évidemment d'adopter un rythme de croisière car nous ne pouvons pas demander à la filière d'être capable du jour au lendemain de dépenser 300 millions d'euros par an. Mais, en tout cas, tel est l'objectif que nous devrions tous nous fixer.

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