La production de betteraves sucrière a chuté de 15 % en moyenne, voire de 50 % par endroits : tels sont les dégâts que causent les pucerons suite à un hiver doux dû au réchauffement climatique. Ces pertes sont d'autant plus dramatiques pour les betteraviers français que leurs voisins et concurrents n'en souffrent pas : la Belgique, la République tchèque, la Slovaquie, l'Autriche, la Pologne et d'autres – neuf pays européens en tout – ont déjà autorisé le retour des néonicotinoïdes. C'est un dumping environnemental qui place l'agriculture française et son industrie dans une situation de concurrence déloyale.
Comment réagissent les dirigeants français face à ce fléau naturel, monsieur le ministre, et face au fléau économique de la fin des quotas à Bruxelles et à l'alignement sur les cours mondiaux ? Ils s'alignent par le bas et permettent qu'ici aussi, ces pesticides reviennent dans les champs quoique leur nocivité soit connue et reconnue. Alors que l'Europe a déjà perdu 80 % de ses insectes, que les abeilles disparaissent silencieusement et que nous assistons chaque jour à la destruction accélérée du vivant, on ne saurait accepter ce recul. Quel monde laissons-nous à nos enfants ?
Aussi, je souhaite que le Gouvernement et le Président de la République bataillent à Bruxelles pour rétablir une égalité de traitement en mettant fin aux dérogations et aux néonicotinoïdes partout sur le continent, et pour revenir à une régulation reposant sur des quotas et des prix minimum. Mais dans l'urgence, avant cette bataille à Bruxelles et les victoires que vous emporterez parce que vous agirez – je l'espère – avec fermeté, il faut sans attendre que les agriculteurs français soient intégralement et immédiatement dédommagés des pertes subies par la jaunisse de la betterave ; tel est l'objet de cet amendement.